Martin O'Malley face à l'émergence de la "nouvelle politique"
Au moment de sa candidature, Martin O'Malley promettait d'être le "Gary Hart" de 2016. Une référence qui signifiait une capacité à bousculer les candidats classiques par des propositions fortes, novatrices.
C'était mal connaître les exigences de la "nouvelle politique" confirmées et confortées par le démarrage de la campagne 2016.
La "nouvelle politique" est celle de l’image.
En politique, ce constat s’accompagne d’une autre réalité. La communication est engagée par des passionnés de la politique qui s’adressent à des personnes pour lesquelles la vie politique est seulement «un mal nécessaire».
En conséquence, il ne faut pas croire que de nombreuses heures seront consacrées aux messages électoraux. Quelques rares minutes seront disponibles. Ce sont ces rares minutes qui comptent.
Dans ces minutes, il importe d’abord de capter l’attention puis bâtir un pouvoir d’évocation cohérent, efficace.
Ce pouvoir d’évocation est aujourd’hui marqué par la personnalisation. Donald Trump chez les Républicains en est le principal bénéficiaire.
S’agissant du phénomène de la personnalisation : à un moment précis, une personnalité doit incarner la voie souhaitée par la majorité. Il importe alors de créer et de gérer son « Capital-Nom ».
Un homme politique doit aujourd’hui considérer que son nom est sa principales enseigne.
Le rejet des partis politiques est tel que le prétendant visant loin et haut doit d’abord se faire un nom.
Comme une enseigne, son nom, pour être très mobilisateur, doit remplir quatre qualités essentielles :
- être spécifique,
- avoir une forte puissance d’évocation,
- viser à une certaine durée,
- être cohérent dans les « associations-valeurs ».
Cette construction doit être en adéquation avec les attentes de l’opinion. Or, ces attentes évoluent beaucoup et rapidement.
Parmi tous les changements profonds intervenus, trois comportements nouveaux dont les conséquences sont considérables :
- On vote pour soi, pas pour un candidat. La «nouvelle génération» des électeurs a une approche citoyenne voisine de celle de la consommation courante. Il s’agit de détecter les mesures qui permettront d’améliorer son sort individuel.
- On vote pour une star pas pour un responsable politique. Il s’agit de représenter des valeurs au-delà des fonctions. Les fonctions ramènent à l’action concrète. Les valeurs vont au-delà. Elles sont le sens d’une destinée.
- On vote pour un gagnant. Pas pour un perdant. Les sondages deviennent les «témoins scientifiques» de la victoire. Ils créent ou pas un système pour partie auto-entretenu : plus les sondages sont bons plus l'opinion accompagne le gagnant potentiel. Plus les sondages sont mauvais, plus l'opinion quitte le candidat en question.
A moins de 5 % d'intentions de votes, Martin O'Malley n'est pas un gagnant potentiel. Il se marginalise progressivement. Les idées ne font plus recette. Les sondages et les images deviennent les points de passages obligés, préalables, incontournables. Un contexte qui ne permet probablement plus l'émergence de "Gary Hart".