Rick Perry et le cortège des victimes du "phénomène Trump"
Donald Trump a fondamentalement changé la primaire républicaine 2016. Il a radicalisé le contenu avec des expressions violentes sur des sujets de fond dont l'immigration. Mais surtout il a pris "toute la lumière" reléguant d'autres candidats dans une obscurité totale.
Le grand nombre de candidats était déjà un obstacle. Mais Donald Trump en a ajouté un autre. Se distinguer du nombre et en plus exister face à Donald Trump.
Rick Perry est l'une des victimes de ce phénomène inattendu et quasi-imprévisible. Au départ, Rick Perry a été l'un des premiers à mener l'offensive contre Trump pensant y trouver un espace. Mais la popularité de Trump a été telle que Rick Perry a été le premier a payer le prix politique de son offensive.
Le "phénomène Trump" a en effet accéléré le processus classique d'élimination. L'élimination naît d'abord des moyens financiers pour tenir la durée de la campagne. Les moyens financiers dépendent de la capacité à gagner. Un candidat qui n'a aucune chance de gagner perd vite ses donateurs et la "machine infernale" s'engage. Peu de moyens financiers entraîne moins de collaborateurs donc moins de capacité à prospecter ...
Trump a non seulement asséché l'exposition médiatique en monopolisant l'espace mais il a aussi asséché les moyens humains d'autres candidats en obtenant ou en négociant des transferts de cadres locaux d'autres candidats. Par conséquent, tout le processus classique a été modifié.
Et en plus Donald Trump a superbement ignoré les autres candidats. Il se concentre sur Jeb Bush. Les deux candidats républicains ouvrent les joutes verbales comme si les autres candidats ne comptaient plus. Hier Donald Trump a critiqué Jeb Bush parce qu'il parlait publiquement espagnol, la langue maternelle de sa femme.
«J'aime bien Jeb», a dit Donald Trump dans une interview au site d'informations conservateur Breitbart. «C'est un type sympa. Mais il devrait vraiment donner l'exemple en parlant anglais quand il est aux Etats-Unis».
Jeb Bush avait accusé plus tôt cette semaine Donald Trump de n'être pas un vrai conservateur, en anglais mais aussi en espagnol, comme il le fait souvent auprès de médias hispaniques. Son équipe de campagne a mis en ligne un site récapitulant plusieurs prises de position anciennes de Donald Trump, qui se déclarait pro-avortement ou favorable à un encadrement des ventes d'armes à feu.
Dans une vidéo, l'équipe Bush s'est aussi amusée à déterrer des vidéos où Donald Trump se décrit comme un démocrate, appelle à une hausse d'impôts ou une nationalisation du système d'assurance maladie, autant de propositions anathèmes pour la droite américaine.
Les deux candidats commencent un face à face comme si les autres candidats ne comptaient plus. C'est une situation rêvée pour Donald Trump.