François Fillon et la fin des programmes
L’opinion publique a beaucoup évolué. Elle ne lit plus l’avenir dans les programmes mais dans les tempéraments des candidats. Le statut du programme est donc totalement modifié.
Trois évolutions majeures ont marqué l’opinion publique ces dernières années.
Tout d’abord, l’émergence d’un besoin de pragmatisme. Il aura fallu deux décennies pour que les Français acceptent de voir la France telle qu’elle est, en crise, avec ses faiblesses et ses atouts, ses difficultés et ses richesses.
Dans un premier temps, ce pragmatisme s’est traduit en négatif par le refus des idéologies de toute nature et de tout bord. Les partis politiques et, d’une manière générale les institutions ont fait les frais de cette désaffectation.
Deuxième évolution, la disparition des « nouveaux gourous ». L’opinion publique n’a plus de directeurs de consciences, véritables maîtres à penser susceptibles d’incarner les valeurs fortes de la société à un moment donné. Chacun se fait son idée et assume cette « solitude de choix » devenue une forme de reconnaissance de maturité et de liberté.
Troisième évolution de fond, l’émergence d’une « France modérée ». Une France qui n’escompte pas de miracle mais souhaite une gestion efficace, qui se défie du socialisme mais n’entend pas renoncer à sa protection sociale, qui espère toujours mais ne rêve plus. Une France qui n'est pas disposée à s'engager dans le libéralisme tout en souhaitant davantage de libertés notamment économiques.
En conséquence, plus que jamais, la présidentielle c’est affaire de style, de tempérament, de façon d’être des hommes politiques en présence.
Un ancien Président de la République insistait en indiquant : « le style n’est pas une apparence. C’est l’apparition en surface de la nature profonde des êtes et des choses ».
C'est le défi majeur pour François Fillon : affirmer son style. Ce n'est d'ailleurs pas que l'enjeu de François Fillon. Ainsi, autre exemple, le livre d'Alain Juppé sur l'école a été résumé à une polémique sur les ... salaires des enseignants.
Sur le fond, Alain Juppé occupe le créneau de la "force tranquille" en route pour la réforme douce. Nicolas Sarkozy occupe le terrain de la "rupture volontaire et énergique". Reste-t-il encore un espace dans ce "duel" entre deux styles contrastés ?
Pour le définir, il faut que François Fillon personnalise considérablement davantage sa communication pour que son tempérament soit plus perceptible, plus visible, donc plus lisible.
Il ne faut plus promettre mais être tout simplement.