Marine le Pen et la crise de régime sans précédent sous la V ème République
Les faits : à moins de 90 jours des régionales, le Front National est en passe de gagner au moins 3 régions sur 13. 3 régions dont la région Nord, emblématique région du socialisme français ! Une région où Marine le Pen a désormais une sérieuse marge de sécurité au second tour.
A ce stade, ce n'est pas une crise dans le régime politique. C'est une crise du régime politique.
Pourquoi ? Parce qu'après avoir été critiqués, les élus ont été détestés. Maintenant, ils sont moqués. L'opinion n'attend plus rien d'eux.
Les cotes de désapprobation se suivent mais sans le moindre effet. La démocratie devait vivre avec le peuple. Elle a vécu en France sans le peuple avec l'abstention croissante. Elle ne peut pas vivre contre le peuple sans des secousses considérables.
Les taux de désapprobation qui sont devenus ordinaires en France ne sont atteints dans aucune autre démocratie représentative comparable. Obama est à plus de 40 % de taux d'approbation quand Hollande est à 20 % !
C'est tout un système qui a perdu la crédibilité. Le fatalisme s'est introduit partout. Il faudrait ainsi se faire à l'idée que :
- les chiffres publics doivent toujours être faux,
- que la télé d'Etat ne peut être impartiale,
- que les vrais scandales d'Etat ont vocation à être cachés puis étouffés,
- que les engagements sont donnés pour ne pas être remplis,
- que la classe politique peut donner des leçons sur une crise qu'elle ne connait pas,
... : bref autant de non-sens qui ne résistent à aucune seconde de lucidité mais qui ont fait leur nid dans la politique française.
L'actuel ennui de l'opinion c'est sa résignation à ne plus être dupe et à voter pour une formation politique dont elle n'ignore pas les défauts mais qui a au moins l'avantage de libérer des actuelles formations qu'elle ne supporte plus même en images.
Voilà la réalité que le système ne veut pas voir. C'est une immense responsabilité. Comme Donald Trump dans le cadre de la primaire républicaine, Marine le Pen capitalise en France la vague de rejet d'un système politique sortant devenu répulsif.
Mais avec une telle conquête éventuelle, Marine le Pen engagerait la présidentielle 2017 sur des bases entièrement différentes.