François Fillon, Ciudadanos ou le libéralisme intelligent
Les commentaires se multiplient sur l'ancrage idéologique de Ciudadanos. Les médias français ont globalement opté pour une présentation de Ciudadanos comme une formation centriste. Mais ce n'est pas la réalité de l'ancrage idéologique de Ciudadanos à la lecture détaillée de leurs propositions.
En réalité, la force de Ciudadanos a résidé dans une capacité à construire une offre sur un libéralisme économique, un conservatisme sur les sujets de société et une solidarité à destination des seniors comme des plus fragiles face à la crise. Bref, un libéralisme moderne intelligent à l'opposé des caricatures de jungle.
Une "recette" qui pourrait produire des conséquences en France.
Dans la France de «grand papa», le libre jeu capitalistique était communément baptisé de «capitalisme sauvage».
Cette qualification dénotait une conception selon laquelle la liberté du marché permettait aux plus forts d’éliminer ou de contraindre abusivement les plus faibles. Elle servait aussi de base à toute une partie du discours traditionnel selon laquelle «la liberté opprime et la règle libère».
Tous ces termes et ces raisonnements traduisaient une réelle méfiance culturelle à l’égard du capitalisme voire même une certaine répulsion morale.
Dans les années 70, les graffitis vengeurs annonçaient pas moins que «merde au bonheur» ou encore qu’on «ne tombe pas amoureux d’un taux de croissance».
Le libéralisme a mis 40 ans pour sortir de ces clichés et encore.
Des efforts réduits à néant par un trimestre de révélations qui ont constitué autant d’étapes dans des scandales permanents lors du dernier trimestre 2008.
La crise financière est passée par là. Elle donné naissance à une crise économique qui généralise une précarité et des formes nouvelles d’exclusions dans des conditions collectivement intolérables.
En réalité, le corps social Français est en cours d’implosion.
Il était constitué de 4 groupes :
- le sommet de la société dont la référence est devenue l’argent et non plus le pouvoir public,
- un grand corps central de plus en plus précarisé qui a le sentiment que l’accès au sommet lui est impossible alors que la chute le guette à chaque instant,
- une couche populaire composée des ouvriers de l’industrie, des services où chaque jour s’épelle économie sur chaque poste de consommation,
- les «exclus» c'est-à-dire ceux qui ne peuvent pas, faute de ressource, participer à la société de consommation et même qui tout simplement ne peuvent plus vivre « normalement ».
Avec l’actuelle implosion, le corps central s’appauvrit tandis que le corps populaire s’estime exclu.
Une nouvelle pauvreté frappe des personnes qui n’avaient pas l’habitude d’être pauvres. Les secours publics ne suffisent plus. Les organisations privées charitables sont dépassées. Ce nombre augmente dans des proportions considérables.
Ce constat met en cause l’ensemble du modèle social français.
Traditionnellement «assimilationniste» sur le plan éthnique ou culturel, le "modèle Français" donne un visage d’échecs bien au-delà des seules différences déjà graves de races ou de cultures.
Ces échecs sont encore moins supportables que la société de consommation expose de façon ostentatoire les repères ou les coutumes du « sommet de la société » qui ne compte pas et, dans notre pays qui vit quotidiennement de comparaisons, cette confrontation est alors explosive.
Il est probable dans de telles circonstances que l'ancrage idéologique de Ciudadanos donne lieu à de nombreuses analyses à l'approche de la présidentielle 2017.
C'est aujourd'hui François Fillon qui est le plus avancé sur ce chemin au niveau des propositions. C'est peut-être le véritable tournant de la présidentielle 2017 sur des sujets de fond.