Bruno le Maire et le choc générationnel
Dans trois démocraties occidentales, des quadras tentent le choc générationnel. Au Canada, Justin Trudeau a réussi.Il a réussi au prix d'un emballement médiatique qui poussait à l'extrême le choix de la jeunesse cassant tous les codes habituels.
Aux Etats-Unis, c'est actuellement le choix de Marco Rubio. Et il ne réussit pas. Il ne parvient pas à s'inscrire comme le challenger de Donald Trump, place progressivement prise par Ted Cruz. Pourquoi ? Parce que le choc générationnel basé sur la seule apparence ne suffit pas. L'état civil n'est pas un programme.
C'est tout le défi de Bruno Le Maire. La situation actuelle est celle où l’opinion est en avance sur le constat de crise par rapport à la classe politique. Tout en étant en avance, l’opinion reste pourtant décalée face à la réalité de la crise.
La crise a tout envahi : la France est comme un bateau qui n’a plus de port pour aller. Il n’a pas d’arsenal pour être réparé. Chaque jour, un trou supplémentaire est creusé dans la coque. La seule question qui retient l’attention ne peut pas être l'apparence du capitaine.
Il faut trouver du neuf sur le fond avec des garanties de lucidité et de vérité.
Pour le moment, nous avons des infirmiers qui soignent les victimes de la crise. Ce n’est pas d’infirmiers que le pays a besoin mais de guerriers contre la crise, ceux qui veulent mettre la crise en crise.
C’est donc une toute autre direction. Sur ce chemin, Bruno le Maire n'a pas encore marqué son terrain.
Le désastre n’a pas commencé il y a trois ans. Il a commencé il y a 30 ans. Tous ceux qui ont assumé le pouvoir ont une part de responsabilité plus ou moins grande. C’est tout le fonctionnement global qu’il faut reconsidérer.
Il y a trois priorités majeures qui doivent guider tous les choix :
- L’environnement : notre pays vit en ouvrant des dettes pas seulement financières mais y compris en épuisant des richesses naturelles,
- L’enseignement : notre pays a cassé son système du mérite en négligeant son service public de la formation à chaque étape de la vie,
- La république : c’est la reconstruction de la place de l’Etat face à la décentralisation mais aussi les valeurs de l'ordre public.
Si actuellement, Bruno le Maire stagne dans les sondages, c’est la conséquence de trois éléments :
1) l’opinion attend de savoir « s’il ira pour de bon »,
2) à ce moment là, quel sera son discours fondateur de candidat,
3) est-ce qu’il incarnera un réel changement sur le fond ? Et jusqu'où aura-t-il une véritable audace pour entièrement changer la donne ?
C'est par l'audace que Bruno le Maire fera naître la différence. Pour le moment, il y a encore attente sur ce chemin.