Nicolas Sarkozy imprime un nouveau rythme institutionnel
C'est une totale nouvelle grille de lecture des relations de pouvoirs qui prend naissance actuellement dans une indifférence surprenante.
D'ordinaire, la Vème République fonctionnait sous une logique qui plaçait le Président en arbitre garant de l'unité nationale composant avec un Gouvernement tirant sa légitimité de la majorité parlementaire ayant à coeur, en l'absence de cohabitation, de faire passer dans les actes le contrat présidentiel conclu lorsque la France ne constitue qu'une seule circonscription c'est à dire lors de l'élection présidentielle. Mais cette application supposait des aménagements liés notamment au profil de la majorité parlementaire.
Sous le second mandat de J. Chirac, deux inflexions sont intervenues :
* la création du parti présidentiel (UMP) a gommé les différences au sein de la majorité parlementaire,
* le quinquennat a accéléré la présidentialisation de "l'équilibre des pouvoirs".
Les désignations des deux Premiers Ministres de ce second mandat ont traduit l'inflexion du profil de l'occupant de Matignon.
Désormais, une nouvelle étape significative est franchie.
La création du Gouvernement correspond à la nouvelle majorité présidentielle qui va servir de socle à la majorité parlementaire dont l'élection est écrasée par le scrutin présidentiel aussi récent.
Par définition, la majorité parlementaire ne crée plus la légitimité Gouvernementale mais elle va tirer sa légitimité du Gouvernement et tout particulièrement de sa popularité ponctuelle.
C'est une présidentialisation sans précédent sous la Vème République mais probablement aussi dans aucune autre démocratie moderne.
C'est l'émergence d'un excès de concentration de pouvoir sous une démocratie d'opinion appelée à se prononcer dans un calendrier trop court pour permettre des flux significatifs.
La France est probablement la seule au monde à connaître ainsi une présidentialisation désormais aussi absolue.
C'est un sujet qui mérite réflexion. Il y a un climat de "plébiscite" ponctuel qui mérite indiscutablement réflexion en dehors de toute appréciation sur le profil du titulaire de la fonction présidentielle.