François Fillon : rassurer une France déboussolée
François Fillon semble concentrer son énergie pour occuper un espace politique : rassurer une France déboussolée.
La société française connaît actuellement une crise d'une ampleur rare.
La crise de 1973 n’avait pas excessivement inquiété. A cette époque, il ne faisait pas de doute que le pouvoir allait y remédier.
En 1981, toujours malades, les Français, ont décidé alors de changer de médecin. Après 23 ans de « frustrations », ils donnèrent libre cours à leur joie du Printemps 81. Plusieurs printemps après, les impôts étaient plus lourds, le chômage plus élevé, le Franc plus bas. Pour beaucoup, le rêve était fini. Par le biais de l’alternance, les Français s’étaient enrichis d’une expérience nécessaire mais ils s'étaient appauvris d’un constat d’une gauche qui a failli.
Avec la crise de 2008, tous les fossés se sont creusés. Les crises sont d'une autre ampleur que par le passé. En 2012, le "changement maintenant" devait faire revivre les espoirs d'hier. Loin de cette promesse, c’est la fin de l’enthousiasme. Les différences entre droite et gauche se sont estompées en matière économique. La montée des mécontentements a favorisé la forte ascension des extrêmes. Et les promesses non-tenues, les décisions à contre-courant, la détérioration des rapports entre les membres de la classe politique ont terni de façon inédite l’image des partis et des hommes politiques.
Il s’agit donc aujourd’hui d’enregistrer toutes ces variations profondes de la nation et d’en tirer les conséquences pour l’avenir.
C'est sur ce constat que François Fillon parie que son image rassurante est le "bon choix" : la droite calme qui s’efforce d’apparaître comme le champion d’un libéralisme nouveau à visage humain qui se donne comme priorité réaliste de créer des emplois dans un pays qui n’a pas cessé d’en perdre depuis plus d'une décennie.
Loin des turbulences passagères, François Fillon compte sur la conception française du pouvoir présidentiel : le sage qui rassure. C'est un choix qui marque un vrai rendez-vous entre les français et eux-mêmes : sortir de la période d'une France déboussolée qui s'abandonne désormais à la déraison avec dérision.