Jean Tirole et l'impertinence du sérieux sur Europe1
Quel plaisir de voir Europe1 inviter Jean Tirole pour parler d'économie. Le prix Nobel de l'Economie mériterait à la fois de s'expliquer davantage en France mais aussi à être convié plus souvent à expliquer l'économie en France.
Convié pour parler de son dernier livre (l'économie du bien commun), Jean Tirole a eu une expression qui relevait davantage du titre de l'un de ses derniers ouvrages : "l'histoire impertinente de la pensée économique".
Parce que, face aux journalistes habitués au politiquement correct français, Jean Tirole a défendu des analyses comme des diagnostics manifestement très impertinents.
Jean Tirole a défendu l'impertinence du sérieux, l'impertinence des faits, de la réalité.
L'apport de Jean Tirole est surtout intervenu na matière de diagnostics.
C'est le domaine où les politiques sont les plus défaillants puisqu'ils adaptent les diagnostics en fonction des arguments qui servent leurs intérêts électoraux.
Ce qui explique la disparition en France de procédures rigoureuses d’évaluations.
L’évaluation n’est pas le contrôle. Le contrôle porte sur l’appréciation de la conformité d’une décision publique à des règles précises. L’évaluation, c’est l’analyse des effets d‘une politique publique donc l’appréciation de sa qualité. Le contrôle peut déboucher sur une sanction en cas d’irrespect des règles. L’évaluation donne lieu à un débat entre les décideurs concernés et l’opinion.
Cette distinction montre qu’il ne s’agit pas d’ajouter une strate supplémentaire aux contrôles déjà opérés. L’évaluation ne relève pas du même domaine que la notion de contrôle.
L'évaluation rigoureuse ouvrira l'étape de la réforme de l'Etat en mettant en relief trois volets incontournables :
- la clarification des objectifs,
- la quantification des objectifs,
- la comparaison des moyens susceptibles d’atteindre ces objectifs.
C'est sur ce décrochage d'évaluation que l'impertinence de Jean Tirole a été la plus forte mettant en relief la pauvreté chronique du débat politique français sur des réponses sérieuses en matière d'emploi comme de redressement économique.