TechCrunch et la French Tech ...
S'il y a un article que la French Tech ne souhaitait probablement pas, c'est bien celui de Jon Evans publié hier sur TechCrunch, site numérique de référence.
Jon Evans commence en clarifiant les choses "j'ai passé la semaine dernière à Paris, payé par le Gouvernement français ..." Et il ajoute qu'il "ne pense pas être ré-invité "suite à son article qui dénonce le "manque d'ambition, d'audace et de confiance" dans la stratégie des entrepreneurs que Jon Evans a pu rencontrer.
Jon Evans passe la suite de son article à décrypter la stratégie des entrepreneurs rencontrés : se faire racheter par des grandes entreprises françaises et non pas conquérir le monde. La grande différence avec la Silicon Valley.
Et Jon Evans de multiplier les exemples des "chocs de culture" : "imagine-t-on Airbnb faire tout son travail pour aspirer à se vendre à Marriott, Uber pour chercher un partenariat avec Yellow Cab ... ?
Les comparaisons font mouche et mal.
Ce qui est dommage dans l'article de Jon Evans, c'est qu'il n'ait pas cherché à comprendre pourquoi une telle mentalité qui vouerait à ... l'échec ?
Ce "réflexe" ne peut pas naître de rien ?
Il est lié à trois facteurs majeurs :
1) L'accès au marché des financements : très long, complexe en France passant par des institutionnels qui épuisent en formalités administratives et en "boucliers divers". Rien de comparable avec les circuits courts américains d'investisseurs qui "jouent leur argent" et non pas celui d'autres avec les mécanismes de protections qui en résultent. Tant que les "chargés d'affaires" des capitaux-développeurs ou des "capitaux-risqueurs" français seront soumis à des contraintes fortes de rentabilité dans la gestion de l'argent des autres, ils seront des caricatures de comportements "moutonniers" puisqu'il vaut mieux avoir tort avec tout le monde que prendre le risque d'avoir raison tout seul...
2) La faiblesse du tissu des business angels locaux : généralement des entrepreneurs en pré-retraite qui conduisent les jeunes entrepreneurs à revenir aux codes d'hier. Et le tout pour des mises qui ne correspondent jamais à une ambition internationale.
3) La "sacralisation" de l'échec : la France est toujours dans la "vieille mentalité " du "jamais échouer". Par conséquent, dès qu'un jeune entrepreneur a réussi sa "lancée", il aspire à vite "capitaliser" pour ne pas augmenter la part des risques.
Tant que ces trois facteurs n'auront pas changé, les comportements des jeunes entrepreneurs français resteront les mêmes et dans des conditions qui méritent la compréhension.
Dommage que Jon Evans n'ait pas cherché à comprendre davantage les causes de son constat.