Grenoble et son choc sociologique
Une ville c'est d'abord une sociologie. Il y a certes une identité construite par l'histoire locale qui crée une "personnalité géographique". Mais il y a aussi, voire surtout, une communauté humaine qui fait vivre cette personnalité.
Au moment où droite et gauche se cherchent dans la Capitale du Dauphiné en cette dernière rentrée avant la mi-mandat et la succession d'élections permanentes jusqu'en 2020 dont les sénatoriales dans ce département en septembre 2017, un point s'impose sur l'évolution sociologique de cette ville.
C'est un volet peu évoqué : le changement de la sociologie de la ville.
Sans marqueur technique précis puisque des études détaillées n'ont pas été publiées sur ce point, il semble qu'il y ait manifestement deux changements notoires :
1) Les seniors partent dans le sud. De plus en plus de seniors, une fois la retraite actée, ont envie de soleil et de région PACA. Les départs sont importants.
2) Les cadres font le pas vers le péri-urbain une fois les salaires des deux actifs confortés. C'est une situation dans le péri-urbain qui entraîne d'ailleurs de nombreuses conséquences pratiques. Lors des divorces, l'ex-couple est incapable de faire face aux charges de la maison individuelle, d'où un taux de rotation très élevé dans la propriété des habitations. Les pressions sur les effectifs scolaires concernent surtout les effectifs des collégiens car aux premières années du couple il est quasi-impossible de faire face tout de suite aux dépenses d'achat d'un terrain plus celles liées à la construction d'une maison ...
La ville - centre accueille dans son habitat collectif des familles pour lesquelles le péri-urbain individuel est matériellement impossible. Et il en est de même pour les jeunes.
Ces mouvements fragilisent sociologiquement la droite sur Grenoble et privilégient les sociologies de "gauche de la gauche".
Si ce constat venait à se vérifier, il y aurait alors deux possibilités :
- soit une recomposition des relations entre une partie de la gauche et une partie de la droite,
- soit une acceptation par le PS qu'à sociologie nouvelle il doit accepter de devenir une force d'appoint sur Grenoble pour faire vivre l'union de toutes les gauches dans cette ville mais surtout au-delà dans l'agglomération et dans ce cadre avec des retours positifs en sa faveur.
Le tournant des municipales de mars 2014 sur Grenoble ne doit pas être considéré comme une "parenthèse" avec une ville retrouvant ensuite ses ancrages politiques traditionnels. Ce tournant a été le résultat de tendances lourdes qui probablement d'ailleurs se confortent actuellement par la politique de l'habitat mise en oeuvre et qui vont imposer une réelle nouvelle donne politique locale.