Alain Juppé confronté au défi de la "politique divertissement"
Le tweet d'Alain Juppé sur la "nullité du débat politique" pose un véritable sujet de fond. La société française a-t-elle évolué, elle aussi, vers la "politique divertissement" ?
Aux Etats-Unis, c'est fait. Le produit de cette évolution, c'est Donald Trump. Mais Barack Obama, avec un style différent, a cédé à cette tendance. C'est son style plus détaché qui donnait des rondeurs ou des reliefs positifs à son acceptation de cette mode.
Au Canada, Justin Trudeau est un pur produit de cette tendance. Stephen Harper, austère, faisait des confidences proches de celle d'Alain Juppé avant d'être battu.
En Italie, les dernières élections ont été le succès absolu de cette tendance ouverte dans ce pays depuis plusieurs décennies par Silvio Berlusconi.
En Espagne, Ciudadanos a connu sa naissance rapide quand son leader, Alberto Rivera, a posé nu sur d'immenses panneaux d'affichages.
Pourquoi la France resterait-elle à l'écart ?
Avec cette formule, Alain Juppé a montré le premier décalage fort entre le temps actuel et lui. C'est compréhensible parce que cette "politique divertissement" est à l'opposé de sa culture, de sa formation, de sa vie. Mais l'opinion française a intégré cette tendance. La présidentielle 2017 sera celle de la "politique divertissement".
Sur le fond, c'est une attente différente de la fonction même de l'Etat donc de ses représentants. Parce que la société vit avec moins d'Etat, elle aspire à un positionnement différent des candidats à la fonction de chef d'Etat. Si Alain Juppé ne cède pas à cette tendance, il est à craindre pour lui que la campagne 2017 s'éloigne progressivement du "parcours tranquille" imaginé début 2016.