J - 42 : Donald Trump perd le spectacle du débat
A force de passer pour le champion de "la table renversée", Donald Trump a troublé son image hier en tentant de devenir plus modéré qu'à l'habitude. Et de donner ainsi prise à un doute redoutable : et si l'intéressé était surtout agressif quand il n'est pas en face de ses cibles ?
Pendant les débats des primaires, Donald Trump a émergé en cassant les débats classiques. Hier, il s'est fondu dans le débat classique.
Son équipe avait un choix terrible à faire. Tenter de casser les codes à ce niveau n'était-ce pas de l'immolation politique ? Mais à ne pas le faire, n'était-ce pas non plus le même résultat ?
Hier soir, Donald Trump a manqué son positionnement : être un outsider rebelle qui arrive avec des idées fraîches.
Les idées n'ont pas été fraîches puisqu'il n'a fait que reprendre les thèmes et les formules de ses discours. Pas un élément fort qui soit neuf !
Et surtout, Donald Trump n'est pas apparu comme le rebelle qui renverse la table du système politique qu'il dénonce. Les tapes dans le dos d'Hillary Clinton à la fin du débat donnaient même le sentiment d'une "surprenante complicité" ou du moins d'une forme de convivialité qui ne peut que choquer son électorat très anti-Clinton.
Est-il apparu plus compétent à la fin du débat qu'avant le débat ? Non.
En revanche, il est apparu moins disrupteur. Et le sourire quasi-permanent d'Hillary Clinton dégageait non seulement une forme de détachement mais surtout une image de sérénité comme si elle n'avait rien à craindre de Donald Trump.
Il va y avoir matière à une réflexion sérieuse avant le second débat sur l'axe stratégique du positionnement de Donald Trump dans de telles circonstances car ses partisans ont surtout noté ce qu'ils attendaient et qui n'est pas venu.