Emmanuel Macron et son discours de ... Springfield
Ce matin, l'originalité majeure de la déclaration de candidature d'Emmanuel Macron dans le cadre de la présidentielle française 2017 réside d'abord dans la proximité avec le discours de Barack Obama à Springfield en janvier 2007 lors de sa propre déclaration de candidature.
Jusqu'à ce jour, il y a eu une méprise sur les "campagnes Obama" qui ont été réduites à des méthodes de communication dont la place centrale pour les nouvelles technologies. Dès l'origine, Exprimeo a indiqué que la véritable novation de Barack Obama résidait dans le contenu de son offre politique et non pas dans les méthodes de communication.
L'acte de naissance avait été le discours au Fleet Center à Boston fin août 2004 lors de l'investiture de John Kerry avant même que Barack Obama ne soit élu Sénateur des Etats-Unis.
Mais la précision de l'offre politique est intervenue à Springfield en février 2007. Entre ces deux dates, Barack Obama avait publié son livre : "l'audace d'espérer".
Quatre changements de fond :
1) Occuper le créneau de l'optimisme c'est à dire un regard positif sur les atouts d'un pays,
2) Tenir un discours "inclusif" qui réunit et qui constitue un appel à l'unité dans les différences, voire même à une approche positive des différences qui s'ajoutent pour rendre encore collectivement plus forts.
3) Bâtir une rhétorique qui mêle les considérations générales et le parcours personnel.
4) Faire référence à l'intérêt général comme ciment d'une communauté nationale capable de s'unir sur des socles partagés.
C'est une approche qui tranche totalement avec les discours de crise.
C'est cette approche qui a manqué à Hillary Clinton en 2008 comme en 2016 et qui avait fait l'atout de Bernie Sanders en 2016.
C'est le choc entre l'audace de l'espoir et l'expression des colères. C'est d'ailleurs ce choc non livré en 2016 qui conduit les proches collaborateurs de Barack Obama à considérer que si ce dernier avait pu être candidat son discours aurait été une digue solide contre les colères exprimées par Donald Trump.
Si Emmanuel Macron persiste sur ce cap, c'est un choc qui s'annonce très intéressant dialectiquement en France. Au Canada, ce choix avait été celui de Justin Trudeau face à Stephen Harper. Ce marqueur en dira long sur l'état réel de l'opinion publique française. Il en dira d'autant plus long que, dans tous ces cas, les mêmes griefs ont été alors exprimés initialement (inexpérience, voire même angélisme ...) et l'opinion a fait le choix de l'espoir ...