Présidentielle 2017 : et si les exclus de la politique se mobilisaient ...
De façon paradoxale, il y a beaucoup de moments où la vie publique Française tend à protéger les citoyens mais il y a aussi des circonstances où la vie publique semble accepter avec fatalité l’exclusion de citoyens.
Les conditions de protection sont multiples. La France est structurée autour de la notion d’ un Etat qui est une puissance tutélaire cantonnant les Français dans une certaine passivité, qui écrase l’initiative, qui étouffe la vie quotidienne de multiples tracasseries (cartes, contrôles, autorisations…).
Dans ce contexte, une grande partie de l’histoire de nos droits à consisté à délimiter le chemin de la meilleure reconnaissance des droits des citoyens :
- face à l’administration :
- avec le principe d’égalité devant le service public,
- la reconnaissance de l'administration responsable du préjudice causé,
- l'élargissement des conditions de recours devant le juge administratif ;
…
Mais aussi face aux autres citoyens :
- le libre consentement en matière contractuelle,
- la protection au sens pénal, et notamment, de la procédure,
- des codes (travail, commerce,…) qui rassemblent ses prérogatives.
- au sein même de l’administration :
- déroulement de la carrière (refus du spoil-systèm),
- liberté d’opinion et d’expression (limite de l’obligation de réserve au sens intérêt du Service public,
...
Mais il y a des circonstances où la question n’est plus de protéger le citoyen mais de le ré-impliquer dans le processus de la vie publique.
Dans ce domaine, la tâche paraît encore plus difficile.
D’abord, parce que des citoyens se sont volontairement écartés des procédures classiques de la vie publique. Le taux d’abstention a beaucoup augmenté ces dernières décennies pour représenter même en permanence et de loin le «premier parti de France».
Ensuite, parce que cette exclusion peut être liée à des considérations propres à la vie publique, mais surtout, dans certains cas, c’est contre une exclusion plus globale qu’il importe de lutter. Les inégalités d’instructions, les inégalités culturelles, les exclusions économiques et sociales deviennent des barrages considérables à la participation publique.
Or, l’exclusion de la vie publique est d'abord un suicide du citoyen.
C’est la reconnaissance que sa place est impossible à trouver, que cet univers ne lui ressemble pas, qu’il ne peut apporter des réponses à ses défis. Ce décalage ou ce désaccord est insupportable.
En 2002, le Président de la République a inauguré son deuxième mandat en ayant reçu au premier tour 14 % seulement des suffrages des Français en âge de voter (19,9 % des suffrages exprimés) tandis que ce même 21 avril 2002 les candidats qui n'ont aucun représentant au Parlement (Jean-Marie Le Pen, Bruno Mégret, Olivier Besancenot, Arlette Laguiller, Daniel Gluckstein) totalisaient 29,64 % des suffrages exprimés…
Avec l'actuelle radicalisation de la vie publique des démocraties occidentales, les exclus d'hier ne semblent plus décidés à le rester demain. C'est un changement majeur qui va produire de très nombreuses conséquences imprévisibles.