Pourquoi Emmanuel Macron a réussi là où Dominique de Villepin et Denis Payre ont échoué ?

Emmanuel Macron a-t-il été le premier dans les dernières années à tenter d'occuper le créneau du "ni droite ni gauche" ouvrant un espace particulier à la société civile face aux professionnels de la politique ? La réponse est manifestement non.

Mike Bloomberg meets President Emmanuel Macron and Mayor Anne Hidalgo at the Élysée Palace

Pour s'en tenir aux seules dix dernières années, il y a eu "deux marcheurs avant l'heure" : Dominique de Villepin et Denis Payre.

Dominique de Villepin avec République Solidaire visait le même créneau du "de droite et de gauche". De droite pour l'autorité de l'Etat. De gauche pour les solidarités sociales. Son meeting de lancement à la Halle Freyssinet (juin 2010) avait été une réussite incontestable.



A quoi tient l'échec ? Très probablement pour l'essentiel au fait que l'image de ce mouvement naissant a été alors associée à la "vengeance" dans l'opposition alors frontale et très vive entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy. Ce mouvement n'a pas été associé à la réforme de la vie publique mais d'abord à la contestation virulente du Chef de l'Etat d'alors. C'est un écueil qui a été remarquablement évité par Emmanuel Macron.

Pour ce qui concerne Denis Payre, la proximité avec Emmanuel Macron réside surtout dans le diagnostic de la situation économique. Pour l'appel à la société civile, il était porté par le nom même de ce mouvement naissant en novembre 2013 : Nous Citoyens.



Mais à cette époque, Denis Payre est resté enclavé dans la communication économique. Il n'a jamais franchi le pas de la communication "grand public". Là aussi, Emmanuel Macron a remarquablement évité cet écueil. Il a mené une campagne médiatique grand public qui a été l'un des socles de son succès.

Par conséquent, Emmanuel Macron a su éviter les erreurs de tentatives proches et récentes de son créneau. Mais il faut compter avec trois autres observations importantes :

1) Emmanuel Macron a pu compter sur la répétition de crises dans le régime de 2012 à 2017 qui ont été perçues comme un appel incontournable à un vrai changement de fond. Pour Dominique de Villepin comme pour Denis Payre, la situation des circonstances d'alors n'était pas comparable à celle des 12 derniers mois.

2) Pour autant, même dans des circonstances de moindre gravité, l'occupation de cet espace politique évoquait rapidement un appel d'air prometteur. L'organisation des "mouvements citoyens" au sein de République Solidaire avait été rapide au niveau des Départements. Il en fut de même pour Nous Citoyens. Avec d'ailleurs le constat que certaines personnalités ont vécu la logique cohérente progressive de ces trois étapes : République Solidaire + Nous Citoyens + En Marche.

3) La valeur ajoutée spécifique d'Emmanuel Macron a été sa jeunesse qui donnait un visage à la promesse de nouveauté. Dominique de Villepin par son parcours politique restait très associé à" l'ancien système" (les années Chirac ...). Pour Denis Payre, son association a été trop forte à la seule "nouvelle économie". Emmanuel Macron a été d'abord associé à la jeunesse, donc au neuf, à l'énergie, à la vitalité. Par son style, il a porté un message visible, donc immédiatement lisible par l'opinion même sans avoir à se reporter à un contenu. Contenu d'ailleurs probablement très ignoré par ses propres électeurs. Les deux autres ont mené des batailles de contenus. Macron a d'abord mené une bataille de style. L'opinion moderne lit d'abord ces messages là.

Sous ce dernier point (le style), c'est probablement le tournant durable qui impactera fortement les prochaines campagnes électorales.

  • Publié le 20 juin 2017

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