Jean Luc Mélenchon porté par la tontonmania naissante
Le fait politique majeur actuellement : la naissance d'une tontonmania qui ne demande qu'à être incarnée par Jean Luc Mélenchon. Si cette réalité naissante prend corps à la rentrée de septembre 2017, c'est une donnée politique nouvelle majeure.
La tontonmania, c'est quoi ? C'est une approche particulière dans les relations familiales et une référence politique française importante.
Dans les relations familiales, le tonton, c'est la "vie agréable". L'autre temps. Les parents incarnent l'autorité au quotidien et le tonton c'est la vie plus douce. L'évasion positive. Les loisirs. La détente. Le "filet de sécurité" pour défendre le cas échéant l'enfant dans ses moments difficiles avec ses parents. L'avocat des moments difficiles.
En 1988, François Mitterrand a incarné cette référence dans des circonstances qui méritent l'attention. En 1986, la droite gagne les législatives. Jacques Chirac s'installe à Matignon avec un programme très libéral dont une vague considérable inédite de privatisations. Dès l'été 1986, François Mitterrand s'oppose à la signature d'ordonnances. Puis avec les manifestations des jeunes en décembre face à la réforme Devaquet, il franchit une autre étape : le Président âgé devient l'idole des ... jeunes. Le tonton. Et pendant deux ans (1986 - 1988), François Mitterrand construit l'image du tonton : le bouclier, le sage, l'autorité douce consensuelle.
Il construit l'image d'une gauche protectrice face à une droite "dure". Il parle au peuple quand la droite parlerait aux actionnaires. La tontonmania est née. Et elle va assurer un succès considérable en mai 1988.
Aujourd'hui, Jean Luc Mélenchon est le "nouveau tonton". C'est un phénomène politique de première importance. Il y a un parallèle à effectuer avec Bernie Sanders qui a fait vivre une réelle "tontonmania" au sein des Démocrates en 2016. Et Bernie Sanders a été l'idole des ... jeunes. Ses recettes : le verbe, le décalage, des valeurs durables appliquées aux nouveaux défis. Un idéalisme assumé.
Pour Jean Luc Mélenchon, la période actuelle est une opportunité inédite. Le PS n'a plus de leader. La droite est pour partie fondue au sein de l'actuelle majorité présidentielle. L'extrême droite mettra du temps à se remettre du débat catastrophique du second tour. Dans aucune autre démocratie occidentale moderne, un leader aspirant à une présidentielle ne se remettrait d'une telle "catastrophe". Et il n'est pas sûr que la France échappe à ce constat qui imposerait le retrait de l'intéressée dans les autres démocraties comparables. Et au pouvoir, il y un jeune leader qui choisit les vieux habits de la V ème République pour costume présidentiel à la différence de celui de sa campagne électorale. La course au peuple est libérée. Presque sans autre compétiteur.
Le vide + le contraste fort avec le pouvoir sur la quasi-totalité des marqueurs = un espace considérable. Si la seule opposition perçue par l'opinion en début d'été 2017 devient la seule protection perçue à l'automne 2017, c'est une donne entièrement nouvelle qui s'annonce pour la politique française. Et à ce jour, la quasi-totalité des marqueurs commencent à clignoter dans cette direction.