Départ de Steve Bannon : la campagne 2018 est engagée !
Des médias ne tombent-ils pas actuellement dans le même piège que celui des primaires 2016 ? En 2016, pendant des mois et des mois, des médias ont présenté Donald Trump comme le "clown de service". Il est aujourd'hui à la Maison Blanche. Sa victoire a certes été pour une grande partie l'échec d'Hillary Clinton grande gagnante du concours de la détestation. Mais elle a aussi été le fruit d'un travail tactique très professionnel, méthodique avec des outils à la pointe de la modernité technologique dont le rôle de Palantir et de Cambridge Analytica. Et si l'opération d'exfiltration de Bannon de la Maison Blanche s'inscrivait dans un plan très différent ? C'est une hypothèse qui mériterait une analyse plus sérieuse que certaines versions officielles actuelles.
La détestation a rarement été bonne conseillère pour l'analyse. Des médias détestant actuellement tellement Trump que tout ce qui permet de conclure à son affaiblissement est aussitôt pris pour du "pain béni". On revit la campagne 2016 et les erreurs terribles des analyses d'alors. Il faut se souvenir de cette époque. Ceux qui mettaient en évidence la foule de ses meetings étaient moqués : ceux qui venaient se rendaient au spectacle mais n'iraient pas voter. Ils ont voté !
La campagne conçue comme un show était présentée comme dé-présidentialisant le candidat. Résultat : il est ... Président !
Il ne comptait sur aucun maillage territorial classique mais vivait par Twitter : la bulle devait donc éclater. Et la "bulle" a grimpé encore et toujours inversant l'ordre des informations entre les justes et les fausses, les bonnes et les mauvaises.
Il ne pourrait jamais gagner parce qu'il avait les élus contre lui. Mais les élus étaient tellement impopulaires que les avoir contre lui alimentait sa ... popularité !
Et la liste des contre-sens pourrait durer encore longtemps.
Donald Trump a de très nombreux et graves défauts mais il a horreur de perdre. En conséquence, sur des choix majeurs, il fait des choix efficaces. Une autre interprétation consiste à considérer que Trump estime que la vraie bataille est celle des médias. Et que pour mener le désenclavement, il faut qu'un professionnel des médias rejoigne les ... médias. Steve Bannon est un professionnel des médias capable de faire vivre une analyse tellement radicale que Donald Trump va se retrouver au centre de tendances très opposées. Sous cet angle, le coup tactique peut être excellent à terme. Steve Bannon est un idéologue. Il a une grille de lecture de la société américaine qui est celle d'une disruption absolue face aux cercles classiques du pouvoir. A la Maison Blanche, cette exposition est impossible, contraire aux contraintes fondamentales de son ancienne fonction. C'est une nouvelle donne qui s'ouvre peut-être ? La campagne 2018 est manifestement lancée et elle va mériter d'être prise beaucoup plus au sérieux que de qualifier en permanence les opérations de Trump comme des facéties irresponsables. La leçon de 2016 gagnerait à être mieux tirée.