La France Insoumise est-elle devenue le refuge des derniers mégalos nécessaires ?
Il faut beaucoup se méfier d'une gouvernance qui consisterait à gérer de façon comptable la réduction des dépenses publiques pour revenir aux équilibres fixés par l'Europe. Il y a actuellement deux données qui méritent l'attention. D'une part, le poids considérable du «politiquement correct». La seule vertu actuelle peut-elle résider dans une soumission habile au politiquement correct fixé par l'Europe ? Ensuite, la politique française manque de présidentiables ambitieux qui veulent faire bouger les lignes, prendre des risques. Une vie politique a besoin de mégalomanie saine, positive.
La mégalomanie est positive quand elle relève de l’action créatrice. Les grandes avancées économiques, culturelles … n’auraient jamais été possibles sans cette force qui permet de dépasser les contingences habituelles. Ce sont des moments où justement l’individu se connaît bien et ressent qu’il peut porter un projet qui dépasse le commun : sortir de l'ordinaire. Identifier de nouvelles frontières collectives. Il y a alors une qualité importante qui est d’une part cette connaissance de soi et d’autre part cette volonté de dépasser la peur de sortir de l’habitude. C'est ce qui manque actuellement à la vie politique française. En dehors de la France Insoumise, la vie publique Française gagnerait en émulation. L’offre politique gagnerait en diversité. Sous cet angle, l’offre politique Française manque en effet de cette mégalomanie positive qui ouvre les plus belles perspectives. La vie politique américaine s'ouvre à ces espaces. Parmi les nombreux défauts attribués à Donald Trump, il y a au moins une qualité à lui reconnaître : il booste une nouvelle mode de l'engagement. C'est une nouvelle dynamique qui se crée des deux côtés de l'échiquier politique américain. Du côté de ses partisans, l'engagement c'est de s'exposer, continuer à arborer les couleurs et les slogans de la campagne. Un électorat souvent populaire qui est en révolte contre le "système politicien". Du côté des Démocrates, s'engager c'est être capable de trouver une vision nouvelle, une autre approche des sujets collectifs. Sur trois sujets, l'engagement est loué : le climat, l'éducation, les exclusions sociales. Ce qui parait probable, c'est que les élections de 2018 ne vont pas manquer d'engagements probablement d'ailleurs très virulents.
Si à l'opposé, la vie publique française tombe dans une "morne plaine", il faudra se méfier des coups de sang imprévisibles car une insatisfaction profonde règne et cette insatisfaction ne peut être gérée dans la monotonie de seules décisions techniques.