Climat : se souvenir des recommandations d'Haroun Tazieff
Réchauffement climatique : 30 ans de totale impuissance publique française ! Le 29 novembre 1990, Haroun Tazieff, un scientifique de terrain internationalement reconnu, publie un article dans le quotidien Le Monde. Il réclame pour l’environnement un “vrai ministère”. Et il dresse une liste très complète des recommandations.
Près de 30 ans plus tard, rien n’a été fait. Le diagnostic était excellent. Il était public. Mais il s’est heurté au mur de l’impuissance publique française.
Il est vrai qu’il suffit de parcourir la liste des “ministres” de l’environnement pour ne pas être surpris de l’inefficacité : Bachelot, Olin, Létard, Batho, Martin … Ils changent tout le temps. Viennent souvent de nulle part, pour plusieurs d’entre eux avant d’y … retourner quand d’autres sont des interchangeables avant de terminer comme animatrice humoristique sur des plateaux TV ou radios (Bachelot).
Pour l’essentiel, que recommandait Tazieff : donner le pouvoir au terrain. Il faut une immense pédagogie collective pour agir. Agir au plus près des besoins. Au plus près des réalités diverses de la nature. Car la nature est diverse. Et les bureaucrates parisiens ne veulent pas le comprendre eux qui ne connaissent que l’uniformité.
Le problème en France c’est que Paris n’a pas fait grand chose sur le plan national et que parfois le terrain non plus. Souvent, le terrain fait des animations, des “fêtes au climat”, à la nature … mais dans les actes, quoi de structurellement sérieux ? Durablement ? Prenons l’exemple de l’eau, richesse naturelle particulièrement éprouvée par le réchauffement climatique.
Les réalités du terrain sont peu prises en considération parce que 3 a priori guident à tort les données en la matière :
1) le choix du «toujours prévu». Pour bon nombre de textes, l’imprévisible ne doit pas exister. Or, la nature est faite d’imprévisible à moyen terme.
2) le parti pris du «toujours long». Plus les parties s’engagent dans un processus long, un processus compliqué, plus les actions seraient de qualité.
3) la préférence du « toujours pareil ». Si un dispositif se distingue des normes « générales», il porterait en lui une présomption de lourds défauts.
Ces trois considérations sont à l’opposé de la réalité des exigences du terrain.
Une politique de l’eau efficace doit donner un sens aux mesures législatives en leur assignant des objectifs précis, concrets, simples. Progressivement, la politique de l'eau a ainsi été déstructurée avec le "zénith" que constitue la "loi Brottes" qui déresponsabilise, fait exploser les impayés et fragilise tous les intervenants, publics comme privés. De référence internationale, la France est sur le point de devenir le contre-exemple à ne surtout plus suivre. Une réalité qui mériterait d'être mieux considérée.