2018 ou Donald Trump comme vrai test du populisme moderne
Les élections intermédiaires américaines en novembre 2018 seront passionnantes et riches d'enseignements. C'est le premier test à ce point du populisme dans une démocratie occidentale avancée.
Il ne s'agit pas d'entrer dans les détails de la définition du populisme. Pour l'essentiel, c'est exprimer à haute voix ce qui correspond à une impression populaire qui peut être différent du politiquement correct.
C'est le coeur de l'offre de la "marque Donald Trump". Et il continue de plus belle dans le fauteuil même de la Maison Blanche.
Donald Trump a introduit 3 changements inédits. 1) Accepter la totalité de la logique du caractère éphémère d'une polémique. D'où la succession de polémiques. Il n'en traite aucune sur le fond. Il chasse celle qui le fragilise en faisant naître la polémique suivante.
2) Introduire une violence verbale dissuasive. Longtemps, la politique a été un "club" avec des membres qui s'épargnent entre eux. Trump a fait exploser cette logique. Qui s'oppose à lui, s'expose et reçoit une volée de bois vert en retour.
3) Faire sauter les tabous dans l'expression. Hier, Donald Trump recevait dans le Bureau ovale plusieurs sénateurs, dont le républicain Lindsey Graham et le démocrate Richard Durbin, pour évoquer un projet bipartisan proposant de limiter le regroupement familial et de restreindre l'accès à la loterie pour la carte verte. En échange, l'accord permettrait d'éviter l'expulsion de milliers de jeunes, souvent arrivés enfants aux États-Unis. «Pourquoi est-ce que toutes ces personnes issues de pays de merde viennent ici ?», a demandé Donald Trump lors des discussions faisant référence à des pays d'Afrique ainsi qu'à Haïti et au Salvador, expliquant que les États-Unis devraient plutôt accueillir des ressortissants de la Norvège, dont il a rencontré la première ministre la veille.
C'est la stratégie de disruption qui avait été choisie pendant la campagne 2016. Elle a été alors payante mobilisant des citoyens hier abstentionnistes. En novembre 2018, on saura si elle est aussi payante dans la gouvernance. Si c'est le cas, cet enseignement pourrait impacter de nombreuses autres démocraties ...