Shutdown : les images qui forgeront le verdict populaire ...
L'actuelle situation de blocage aux Etats-Unis nécessite quelques éclairages qui manifestement font défaut actuellement à bon nombre de médias nationaux français.
1) Cette situation est-elle inédite ? Non. 17 situations de ce type sont déjà intervenues. La dernière date de 2013 sous Barack Obama. La plus longue dans le temps date de Bill Clinton au cours de l'hiver 1995 - 1996.
2) Le Président en exercice est-il nécessairement le "coupable" désigné par l'opinion ? Non. Bien au contraire. Le précédent de 1996 mérite l'attention. Le rappel des faits est le suivant : novembre 1994, lors des élections intermédiaires, Bill Clinton reçoit une claque électorale magistrale. Les Républicains sont largement majoritaires. Ils veulent défendre le retour aux "années Reagan". Ils ont un conceptuel : Newt Gingrich qui théorise la "nouvelle révolution". Début décembre 1995, le blocage budgétaire débute. Le 25 décembre 1995, Time consacre Newt Gingrich comme "l'homme de l'année".
Le 15 janvier 1996, en plein blocage budgétaire, Time publie sur deux pages (pages 30 et 31) une photo : Bill Clinton est au tableau. Et Dole et Gingrich l'écoutent docilement. Clinton est celui qui tente de débloquer la situation et les deux Républicains dans le Bureau Ovale semblent des "élèves bien sages" qui écoutent le "professeur Clinton". La présidentielle 1996 venait de basculer. Clinton travaillait pour que le pays avance et les Républicains devenaient les dogmatiques qui ne faisaient que s'opposer. Clinton allait vivre une ré-élection aisée en fin d'année.
3) Le vrai enjeu : qui apparaitra comme celui qui multiplie tous les efforts pour débloquer ? Si Donald Trump donne le sentiment de "retrousser les manches" pour trouver un terrain d'entente, ce peut être le rebond pour lui. S'il apparait comme un dogmatique fermé aux terrains d'ententes, l'année 2018 sera très difficile. L'opinion américaine n'aime pas le blocage partisan car elle aime le pragmatisme. Et l'opinion américaine est toujours dans une logique de primauté présidentielle face aux parlementaires qui ont une très mauvaise image de marque. Si Donald Trump parvient à se victimiser et montrer les efforts pour débloquer, il tient peut-être le socle de son rebond politique dans une année électorale ... ? C'est un enjeu d'images dans les jours qui viennent.