Grenoble (Isère) : la ville à la recherche permanente de nouvelles légendes
C'est avec une célébration très forte que Grenoble commémore actuellement le 50 ème anniversaire des JO de 1968. Une initiative qui en dit long sur l'identité de cette ville. Une identité difficile à gérer dans la durée.
C'est le choc entre les réalités de l'Histoire et celles du présent. Les réalités de l'Histoire sont parfois faites d'un temps d'avance pour Grenoble. 1788 et la Révolution un an avant les autres. 1925 et l'exposition internationale de la Houille blanche. 1944 et la reconnaissance de la ville Compagnon de la Libération. Puis 1968 et les JO d'hiver. Mais depuis ? Dès 1979, un auteur, Pierre Frappat, dresse une analyse d'une lucidité remarquable : le mythe blessé. Que reste-t-il de ces traces historiques ? Hubert Dubedout va tenter de faire vivre de "nouvelles légendes" : le laboratoire démocratique, les radios libres, le socialisme municipal... Mais la greffe était difficile. Elle allait subir un désaveu redoutable : l'absence de toute nomination ministérielle de son maire par ses propres amis politiques en 1981. Un camouflet qui allait peser lourd dans le résultat de 1983. Puis ce fut la tentative de la "légende du Synchrotron" mais un sujet trop technique et trop complexe pour permettre une communication grand public réussie. Ces faits historiques rencontrent des personnalités qui ont fait les heures de gloire de Grenoble. Dans la science : Champollion, Vaucanson, Bergès, Néel... Dans le sport : Terray, Killy... Car les JO de 1968 sont devenus un temps de légende grâce aux scores sportifs hors du commun. Y-aurait-eu un "temps des légendes" sans la rafale de médailles d'or de l'époque d'une génération hors du commun révélée à Portillo et consacrée à ... Grenoble.
Ce rappel du temps des légendes fait immédiatement naître une autre question : et aujourd'hui ? C'est toute la difficulté de la période présente : comment faire vivre cette tradition du "Grenoble qui vit un peu plus qu'ailleurs" ? Ce qui est étonnant c'est que cette ouverture sur les légendes historiques et celles d'aujourd'hui à définir est portée par le 1er maire "néo-grenoblois" à ce point depuis la Libération, profil désormais très répandu par les caractéristiques de l'économie grenobloise. Tout l'enjeu réside désormais dans la capacité à faire vivre de nouveaux défis assimilables à de nouvelles légendes possibles. Ce n'est pas facile. C'est au moins aussi délicat que le grand chelem de Jean Claude Killy en 1968 dans l'actuelle compétition des territoires et avec des voisins qui ont changé de dimensions objectives (Lyon, Les 2 Savoies).