Conor Lamb et la crise des "super Narcisse"
« Et moi, émoi » : ces trois mots semblent résumer désormais bon nombre de politiques de communication. Ces politiques tournent autour de deux repères : - la quantité d’exposition d’un individu, - sa capacité à faire vivre de l’émotionnel de temps à autre.
Il y a ainsi l’émergence d’une génération de «Super Narcisse» qui semble vivre quasi exclusivement dans le reflet de leur image. Cette génération est-elle sur la bonne voie ? La réponse à ces questions dépend essentiellement de l'appréciation du contenu même des enjeux perçus par l’opinion. Il est certain qu'avec la fin des idéologies, l'aplatissement des écarts entre les partis politiques et les nouveaux comportements des consommateurs, il faut trouver un nouveau style de communication.
Dans ce nouveau style, la personnalisation et l'image occupent une place particulière.
Mais cette place est bien plus subtile et complexe. En réalité, il y a désormais autant d’enjeux de communication que d’étapes pour accéder au pouvoir. Il importe de s'habituer à la nécessité de vivre des primaires au sein de sa formation politique ou en dehors mais par l’existence de plusieurs autres compétiteurs. Cette étape est une quête d’identité. C’est la recherche des marqueurs de différences de tempéraments. Il faut donc respecter cette logique et donner à l’opinion la matière pour se faire son idée.
Si la France respecte les fondamentaux des autres démocraties comparables qui ont déjà intégré cette logique des primaires, la vague porteuse devrait être celle du «freshman».
C'est un concept compliqué qui est un mélange de plusieurs qualités :
- jeunesse,
- nouveauté,
- mais professionnalisme et compétence.
Le «freshman» n’est pas un novice, loin s’en faut. A cette étape, il il importer de dégager un style bien davantage qu’un contenu. Dans le temps, l’un ne sera pas dissociable de l’autre. Mais à cette première étape, ce sont les traits de tempérament qui comptent. La communication française, y compris la communication militante, va donc probablement s'ouvrir à une présentation plus intimiste des candidats.
En revanche, en ce qui concerne la seconde étape qui est celle de la communication à destination de l'ensemble du public, il importe de conserver une démarche qui soit une démarche de programme, de contenu, de fond, d'idées.
Bill Bernbach avait utilisé une formule redoutable «ne mesurez pas l’opinion, faites la».
«Ne parlez plus à l’opinion mais montrez lui» pourrait être la prochaine formule choc... Mais dans cette démonstration, garder en permanence des preuves d'humilité. L'opinion moderne devient vite très sévère. Elle jour vite au massacre avec les "spuer Narcisse" qui se mettent en scène à la moindre occasion. La nouvelle génération Démocrate a bien ressenti ce danger. Conor Lamb montre la voie de l'humilité, de la modération. Une autre forme d'exposition probablement plus efficace dans la durée.