Amy Coney Barrell ou l'autre visage de la Justice américaine
La France vit sur un nid d'abstractions. Ainsi en matière judiciaire, Les jugements sont rendus « au nom du peuple ». La formule est au sommet de chaque jugement. Mais quand un juge français rencontre-t-il le "peuple" ? Quand lui rend-il compte ? Jamais !
Aux Etats-Unis, ces abstractions n'existent pas. Comme la notion d'Intérêt Général si impactante en France n'existe pas aux Etats-Unis qui reconnaissent d'abord qu'une décision est le résultat d'intérêts particuliers.
La nomination éventuelle d'Amy Coney Barrell à la Cour Suprême serait un symbole très fort. 1) Une femme. 2) Une femme jeune (46 ans) donc avec en principe une longue présence de sa part au sein de la Cour Suprême. 3) Mais surtout une conservatrice très radicalisée. Si Donald Trump prend une nomination de ce type, c'est un message très fort qu'il va passer aux plus radicaux des conservateurs. Une décision qui prend une importance toute particulière en cette période des élections intermédiaires
Aux Etats-Unis tout particulièrement, les relations entre les pouvoirs ont beaucoup évolué.
Cette évolution traduit un changement profond des rôles respectifs des différents « pouvoirs ». A l’origine, la répartition des fonctions est supposée simple:
- le politique décide,
- le juge contrôle l’application de la loi,
- le journaliste relate les faits et les commente.
Ce schéma a beaucoup changé. Désormais, dans les faits, le journaliste devient celui qui juge chaque jour et publiquement. Le juge décide en dégageant le sentiment qu’il est l’ultime, voire le seul, pouvoir dans un univers institutionnel excessivement précarisé. Le politique commente et devient une sorte de journaliste observateur de la situation qu’il est pourtant censé maîtriser par ailleurs…
Et avec la judiciarisation de la vie, le rôle de la Cour Suprême, c'est le lieu du "pouvoir suprême". Avec cette nomination, Donald Trump peut influencer la vie quotidienne américaine pour des décennies.