Municipales 2020 : vers un épisode de plus dans un fiasco assez irréel ?
L'état d'urgence sanitaire a été officiellement prolongé jusqu'au 10 juillet 2020. Est-il possible d'organiser une élection dans un tel cadre d'urgence sanitaire sans amplifier les griefs qui impactent déjà le 1er du 15 mars 2020 marqué par de fortes abstentions ?
La réponse est non. Le débat sur le second tour des municipales est actuellement livré dans des conditions très atypiques. Une partie de l'opposition dit "puisque les écoles sont ouvertes pourquoi ne pas tenir des bureaux de votes ?". Mais les écoles sont ouvertes dans des conditions très limitatives, restrictives. Ces restrictions peuvent-elles être appliquées à un vote ? Non. Si les comparaisons devraient valoir raison, il serait aussi possible de dire "puisque le métro est ouvert", les restaurants doivent l'être aussi.
Ce qui est surprenant dans ce débat, c'est que le second tour soit arbitré avant même que soit levée la question de la constitutionnalité du 1er tour. Ou faut-il considérer que cette question est déjà tranchée parce que le Conseil d'Etat ne saisirait pas le Conseil Constitutionnel ? Le Conseil d'Etat qui, en section contentieux, se considérerait alors tenu par l'avis rendu le 18 mars dans une section de conseil et non pas de contentieux, ce qui serait contraire à la coutume du Conseil d'Etat.
La tenue en juin 2020 est un avantage incontestable en faveur des élus sortants. L'état de crise a créé un réflexe classique de légitimisme écrasant tout débat et conduisant les élus sortants à prendre des mesures de gestion (dont la gestion des masques) qui s'inscrivent dans un consensualisme naturel.
Le Gouvernement est entré dans une spirale redoutable avec le maintien du 1er tour le 15 mars. La sagesse était probablement le renvoi d'une année pour la tenue le même jour en mars 2021 de tous les scrutins locaux (régionales, départementales, municipales). Le Gouvernement n'arrive pas à s'extraire de cette spirale et la fixation en juin 2020 ne ferait qu'ajouter un épisode de plus à ce qui s'apparente de plus en plus à un réel fiasco.