Donald Trump et la difficulté de passer pour ... perdant
En 2016, Donald Trump a accéléré des tendances politiques déjà fortes de longue date. La politique a fonctionné avec l’émergence de trois nouvelles règles qui changent considérablement la donne.
Maintenant, 1) On vote pour soi, pas pour un candidat. La «nouvelle génération» des électeurs a une approche citoyenne voisine de celle de la consommation courante. Il s’agit de détecter les mesures qui permettront d’améliorer son sort individuel. Les généralités généreuses n’ont donc aucun effet.
2) On vote pour une star pas pour un responsable politique. Il s’agit de représenter des valeurs au-delà des fonctions. Les fonctions ramènent à l’action concrète. Les valeurs vont au-delà. Elles sont le sens d’une destinée. Le profil du candidat doit donc être associé à des valeurs qui font de son nom une marque comme pour les sociétés commerciales.
3) Surtout, on vote pour un gagnant. Pas pour un perdant. Les sondages deviennent les «témoins scientifiques» de la victoire annoncée. Ils structurent l’opinion et créent ou pas un système pour partie auto-entretenu : plus les sondages sont bons, plus l’opinion accompagne le gagnant potentiel. Plus les sondages sont mauvais, plus l’opinion quitte le candidat en question.
Une campagne électorale devient donc un phénomène de “start-up”. Ou le démarrage est rapidement reconnu par les sondages. Ou la marginalisation s’installe. Un exemple caricatural en 2016 : Martin O’Malley. A moins de 5 % d’intentions de votes, Martin O’Malley n’est pas un gagnant potentiel. Il se marginalise progressivement. Les idées ne font plus recette. Les sondages et les images deviennent les points de passages obligés, préalables, incontournables.
En 2016, Donald Trump est né dans les sondages. Sa percée de Donald Trump a changé la donne. Trump a gagné parce qu'il était donné gagnant. Comment est-il possible de créer une dynamique si Trump restait toujours perdant et largement perdant dans les sondages ? C'est le but de la réunion à venir dans le New Hampshire : créer un choc pour vite se relancer.