Présidentielle 2022 : J - 150 (second tour) : un pays en panne de récit
15 mars 1968, à la Une du Monde, un article de Pierre Viansson-Ponté "quand la France s'ennuie". Son diagnostic, purgé des références conjoncturelles d'alors, reste d'une remarquable actualité. Baignés dans une culture universaliste séculaire, les français ont besoin d'un récit fidèle à ce qu'ils perçoivent comme leur Histoire et projeté dans un leadership symbolisé par un individu.
Aujourd'hui, à 150 jours du second tour de la présidentielle, les français sont passés à un autre stade : la déprime. C'est une pathologie mentale qui mérite l'attention. Elle cumule des pertes d'humanité, des pertes d'émotions, des pertes de considération de soi ... et surtout une forme de désespoir qui freine la vitalité.
Face à cette réalité qui n'est peut-être que la prise de conscience progressive du nouveau statut d'une puissance moyenne, il y a une sorte de thérapie de comptoir, voire de boutiquiers gérant les citoyens comme des tranches de clients.
Si ce climat persiste, il y a un choc en stock : un record d'abstention lors d'une présidentielle.
A noter : "la vague indémodable" sur les campagnes Obama (2008 - 2012) auprès d'étudiants français. Il y a une appétence manifeste pour une offre qui donne une perspective, qui fasse vivre un récit collectif mobilisateur. C'est une réalité au sein des jeunes générations qui mérite l'attention. Le candidat ou la candidate qui va provoquer ce déclic sera bien placé pour secouer les lignes et gagner la présidentielle 2022 dans un climat plus volatile que jamais.