Isère : les “campagnes signatures” : municipales 1983 (7/7) : Alain Carignon ou quand tout bascule par l'effet d'une affiche
Septembre 1982, un sondage de l'IEP de Grenoble annonce, chiffres à l'appui : la campagne est pliée : Hubert Dubedout : 54 / Alain Carignon : 46. Un “fleuve tranquille” est supposé attendre le Maire sortant. Mais Alain Carignon décide de faire une campagne de totale disruption. L'équipe est jeune. Elle va assumer totalement sa jeunesse. Florence Cathiard participe à une communication hyper dynamique avec l'esprit “Go Sports”, entreprise alors dirigée par son époux Daniel Cathiard. Et le “feu d'artifice” débute par une splendide affiche couleur 4 mètres sur 3 mètres avec la photo de la soeur du candidat, Marie-Jo. Le lendemain, tout est différent. L'affiche a starifié le candidat qui effectue un travail terrain hors du commun. Un hiver 82 - 83 marqué par des chutes de neige alternant avec le redoux. A l'arrière de sa Renault 4 L, le matin, Alain Carignon emporte trois paires de chaussures pour les changer car rapidement trempées. René Michal, Robert Mosnier et Pierre de Villard font un travail énorme et mobilisent les entrepreneurs locaux.
D'un coup, Hubert Dubedout se fait à l'idée que l'élection sera plus difficile que prévue. Une semaine avant le 1er tour pour un reportage pour l'hebdomadaire Le Point, les deux candidats se rencontrent dans une ambiance sympa. Hubert Dubedout pense toujours gagner mais avec une marge faible car les mermaziens lui causent d'énormes soucis. Mais depuis quelques jours, Alain Carignon dispose d'un sondage IFRES sur un échantillon solide le donnant vainqueur. Il y croit peu voire pas du tout. Personne n'en parle. Ce qui l'impressionne c'est lorsqu'il passe d'un immeuble à l'autre le nombre d'automobilistes qui klaxonnent, qui baissent la vitre et lui disent “allez, c'est bon !”. Et le soir du 1er tour, la capitale du Dauphiné connait le plus jeune Maire de son Histoire : 53 / 47 ! Dans un ouvrage publié par Nathan (la décentralisation à l'affiche), sa campagne est présentée comme l'une des plus belles, les plus novatrices des années 80. C'est juste !