La page des années Trump est en train de se tourner
Quatre faits méritent l'attention. Hier mardi 6 décembre, après le Nevada, l'Arizona, la Pennsylvanie, ce fut au tour de la Georgie de sceller la défaite d'un proche de Trump. Si bien que début 2023, Joe Biden disposera d'une majorité au Sénat plus forte qu'en 2020. Loin d'être le plongeoir attendu, ces élections ont été un tremplin pour Biden. Le plongeoir est pour Trump et ses candidats manifestement excessifs. Walker (R) est battu (52/48) après une campagne désastreuse. La réélection du Sénateur Warnock, qui avait été élu au Sénat en janvier 2021 lors d’une élection spéciale, porte à 51 le nombre de sièges contrôlés par les Démocrates au Sénat contre 49 pour les Républicains.
Second fait, à la Chambre des Représentants, les Démocrates se dotent d'un leader qui remplit de très nombreuses qualités. Hakeem Jeffries est face à un rendez-vous capital : peut-il incarner la nouvelle génération Démocrate et être l'héritier de Barack Obama, statut qui manque terriblement actuellement aux Démocrates ? Il a beaucoup d'atouts sur ce chemin. Naissance dans un milieu modeste mais parcours universitaire brillant. Il est cool et sympa. Il est modéré et brillant orateur. Un leader à surveiller. Il va incarner un parti Démocrate offensif et attractif.
Troisième fait, la désignation d'un Procureur spécial qui va beaucoup occuper Donald Trump. Pour le dossier Clinton - Lewinsky, l'enquête de Kenneth Starr a été estimée entre 40 et 52 millions de dollars. L'enquête de Robert Mueller sur l'éventualité d'ingérences russes lors de l'élection de 2016 a été officiellement estimée à 25 millions de dollars : 12, 5 millions par un budget alloué à l'enquête et 12, 5 millions directement pris en charge par le Ministère de la Justice. Le Procureur spécial, c'est une énorme machinerie dont le recrutement d'une équipe de juristes spécialisés. Cette décision est très lourde de conséquences pour Trump car c'est le début d'une réelle et difficile bataille judiciaire.
Enfin, quatrième fait, des leaders Républicains disent ouvertement "Trump c'est fini !". « Je fais partie de ceux qui disent “Plus jamais Trump”. Pourquoi ? Parce que je veux gagner (lors des élections) et qu’avec Trump, nous perdons. Ça nous est apparu très clairement en 2018, 2020 et maintenant en 2022. » : qui tient cette déclaration ? Paul Ryan, ex Speaker (R) de la Chambre des Représentants et longtemps étoile prometteuse des Républicains radicaux. Mais en + de Ryan, la même question est officiellement posée par Mike Pompeo, par Nikki Haley (ex proches de Trump durant une partie de son mandat présidentiel) et par Chris Christie qui avait été l'un des très proches de Trump lors de sa campagne 2016. Bref, l'ex premier cercle de Trump pose désormais publiquement des questions inédites.
Faut-il en déduire que les Démocrates ont "chemin libre" pour 2024. Si Joe Biden se représente, les Républicains tournant la page des "années Trump" peuvent désigner un candidat jeune, énergique, modéré, au comportement personnel séduisant et le contraste des âges s'imposera. Finalement, Trump était une chance pour les Démocrates surtout en ayant manqué les élections intermédiaires pour corriger son image. Paradoxalement, 2024 pourrait être plus difficile pour les Démocrates sans Trump.