François Fillon cherche toujours son positionnement
François Fillon incarne tous les doutes sur la nouvelle fonction de Premier Ministre lors d'une "vidéo off"
Par les pouvoirs qui lui sont dévolus comme par le jeu de la responsabilité gouvernementale, le Premier Ministre est un rouage essentiel des Institutions de la Vème République. Or, face à cette réalité institutionnelle, le Premier Ministre semble devenir un simple " Chef d'état major ". Bien davantage, la fonction elle-même parait menacée. A qui tient cette situation nouvelle ? Est-elle durable ?
L'actuelle situation repose sur 3 fractures et un enterrement.
Première fracture, la présidentialisation du régime de 1958 est incontestable avec l'élection du Président au suffrage universel direct. Les équilibres institutionnels initiaux ont été modifiés en profondeur. La réduction de la durée du mandat présidentiel est une étape récente qui accentue cette tendance. L'élection présidentielle fixe l'ensemble du temps politique. La conception initiale du Président " arbitre au-dessus de la mêlée " a vécu. Le Président est désormais le leader d'une équipe avec qui le pays passe contrat pour mettre en oeuvre le programme qui a recueilli la majorité des suffrages à un moment exceptionnel où la France devient une circonscription unique.
Si la 1ère fracture l'est par rapport à l'équilibre institutionnel de 1958, la seconde est plus spécifique à la présente période. De tous temps, les Premiers Ministres ont été les chefs de la majorité parlementaire. Cette logique permettait de traduire au niveau de la loi les volontés du Président. Lors des périodes de cohabitation, cette qualité résultait de la confiance tirée du scrutin le plus récent à savoir le renouvellement de l'Assemblée Nationale. Depuis 2007, le Président s'affirme comme le leader de cette majorité politique y compris pa rla visite aux locaux du parti majoritaire.
La troisième fracture tient dans le nouveau temps électoral entièrement centré sur l'élection présidentielle. Le nouvel équilibre va se construire autour des seuls postulants à la Présidentielle. Dans cette logique, la marge de manoeuvre du Premier Ministre est inexistante tant qu'il ne peut pas prétendre à cette élection.
Ce sont là des fractures majeures qui font naître une véritable " nouvelle donne ".
Quant à l'enterrement, c'est la faculté d'une cohabitation. La proximité du scrutin législatif semble mécaniquement exclure toute divergence politique entre la majorité présidentielle et la majorité parlementaire. Mais il s'agit là d'une construction intellectuelle qui ne repose sur aucune réalité politique incontournable.
Qu'adviendrait-t-il le jour où l'opinion réintroduirait cette hypothèse ? Cette seule perspective impose une clarification juridique.