La communication provocante de Nicolas Sarkozy ravive des fractures sociétales graves

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Les deux législatives partielles d'hier montrent l'ampleur de la désaffection qui risque de frapper le parti de la majorité présidentielle. Nicolas Sarkozy a ravivé des fractures sociétales graves.

" Même l'avenir n'est plus ce qu'il était ". Cette formule de Paul Valéry est probablement le résumé le plus saisissant de l'état d'esprit actuellement le plus répandu.

La première fracture est d'abord entre les Français et l'avenir. L'avenir était traditionnellement porteur d'améliorations. Il est désormais le symbole d'un monde déboussolé sans sortie de tunnel déjà perceptible. L'avenir est perçu comme un demain où il ne serait plus question de bien vivre mais seulement de survivre.

Ce sentiment, pour partie irrationnel, a fait naître une seconde fracture entre les élites et les citoyens.

Les élites ont dégagé l'image de ne pas être soumises aux mêmes contraintes que celles du grand nombre. Elles bénéficient de protections particulières qui leur épargnent les pires embûches. Au moment même où la crise ne les frappe donc pas " comme tout le monde ", les élites sont manifestement incapables de régler les principaux dossiers de nature à permettre au plus grand nombre de mieux vivre.

Ces deux facteurs ont créé un nouveau " besoin de vengeance ".

Là est la vraie fracture majeure.

Depuis " l'idéal révolutionnaire ", l'inconscient collectif français est structuré autour de l'image du peuple qui peut faire " tomber la tête du Roi ".

C'est à ce jour la probable réalité du " climat citoyen " en France. La rupture entre les citoyens et les élites ne date pas d'aujourd'hui. C'est parce que cette fracture est déjà ancienne, qu'elle s'est approfondie donnant naissance à une crise qui a ainsi pris une dimension nouvelle.

Le 17 décembre 1992, un hebdomadaire (L'Evènement du Jeudi) publiait un long reportage de plus de 30 pages sur le thème " le peuple contre les élites ".

Ce reportage très fouillé portait des intertitres évocateurs :

" 55 millions de Robinson Crusoë : chacun son île, sa vie et selon les cas, drame ou gag ",

" là-haut, ils disent on dégraisse. Mais faut pas oublier que c'est de la graisse d'homme ",

" certaines sections syndicales d'entreprises ne sont constituées que d'un seul membre, pas assez pour porter une banderolle ",
?
Déjà à cette époque, le philosophe Alain Etchegoyen dénonçait " l'inceste " qui caractérise les élites françaises avec une " reproduction " plus fermée que jamais.
Puis, ce climat a trouvé ses " nouveaux intellectuels " qui parlent différemment, bien éloignés des thèmes habituels comme des mots classiques de leur caste. Les figures emblématiques sont Alain Finkielkraut, André Glucksmann mais aussi Michel Houellebecq.

Les " élites culturelles " ont alors délivré le nom de baptême censé décrédibiliser les intéressés : les " néoréacs ". Mais rien n'y a fait, bien au contraire.

Pendant la présidentielle, Nicolas Sarkozy a surfé sur ce courant culturel. Maintenant, il incarne les élites dans tout ce qu'elles peuvent avoir de caricatures suscitant le rejet populaire.

Le vote sanction s'annonce d'une ampleur profonde. Les deux dernières partielles de dimanche sont une introduction. Les élections locales s'annoncent redoutables pour la majorité présidentielle.

  • Publié le 28 janvier 2008

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