Nicolas Sarkozy est devenu l'incarnation d'un "Etat spectacle" que l'opinion supporte de moins en moins

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Nicolas Sarkozy est en passe de casser l'Etat spectacle qui a pour partie fondé sa victoire en 2007.

Les deux dernières décennies ont vu naître et se développer en France un certain nombre de tendances nouvelles qui ont fondamentalement modifié les équilibres de notre vie politique.

Tout d'abord, nous avons assisté à la généralisation d?un catastrophisme permanent. Nous sommes passés d'un pessimisme ambiant fort à un catastrophisme où la surenchère à la dramatisation semble ne plus avoir de limite.

Seconde tendance, l'émergence de "  nouveaux gourous " qui sévissent sans aucune humilité. Les prêtres ne sont plus des directeurs de conscience reconnus. Les intellectuels sont morts avec SARTRE, ARON. Les hommes politiques sont livrés aux jugements péremptoires et sans appel sur leurs " défauts indécrottables ". Heureusement, une nouvelle race de " maîtres à penser " est née. Ils animent des émissions de TV ou de radio, font du cinéma ou de la chanson et parfois même les deux et " eux savent ". On ne sait pas trop pourquoi et à quel titre mais comme dans la présente période il vaut mieux croire que chercher à comprendre, chacun s'en remet docilement à leurs jugements sur tous les sujets dans tous les domaines. Ils éditent les nouvelles " tables de la loi " que tout responsable public doit en permanence respecter sous peine d'exclusion.

Enfin dernière tendance, la nouvelle France déboussolée qui s'en remet à la dérision avec déraison. Il est bien clair que la société française a connu et connaît encore de profondes mutations. La crise dès 1973 n'avait pas excessivement inquiété. A cette époque, il ne faisait pas de doute que le pouvoir allait y remédier. En 1981, toujours malades, les Français ont décidé alors de changer de médecin. Après 23 ans de " frustrations ", ils donnèrent libre cours à leur joie du Printemps 81. Plusieurs printemps après, les impôts étaient plus lourds, le chômage plus élevé, le franc plus bas. Pour beaucoup, le rêve était fini. Par le biais de l'alternance, les Français s'étaient enrichis d'une expérience nécessaire mais ils se sont appauvris d'un constat d'une gauche qui a failli.

Depuis cette époque, c'est la fin de l'enthousiasme. Les différences entre droite et gauche se sont estompées en matière économique.
Pendant les années au pouvoir, la gauche s'est appliquée, au-delà de ses réformes sociales, à démontrer qu'elle était capable de gérer. De son côté, la droite s'efforce d'apparaître comme le champion d'une sorte de libéralisme à visage humain qui ne mettrait pas en cause les acquis sociaux et se donnerait comme priorité de créer des emplois dans un pays qui n'a pas cessé d'en perdre depuis quelques années. La montée des mécontentements a favorisé la forte ascension des extrêmes. Et les promesses non-tenues, les décisions à contre-courant, la détérioration des rapports entre les membres de la classe politique ont terni de façon durable l'image des partis et des hommes politiques.

Dans un cadre aussi éloigné des repères habituels, il est facile de tout tourner en dérision avec les refrains désormais connus de tous :
face à une nouvelle proposition, il suffit de laisser tomber " et pourquoi ne l'avez-vous pas mise en oeuvre quand vous étiez au pouvoir ? ",
face à un chiffre officiel, il suffit de laisser entendre " vous en êtes sûr ? ",
face à une promesse, il suffit de commenter " vous dites cela aujourd'hui mais demain... ".

Ces réactions ont sapé et sapent en permanence la fiabilité et la crédibilité de tout débat public.

Dans ce contexte, un nouvel " Etat spectacle " est né. Ses terrains sont :
* la compassion. Il ne s'agit pas tant de lutter contre les drames permanents mais surtout de les accompagner avec l'émotion intense,
* l'humanitaire. Plus le pays est éloigné et inconnu, plus l'ambition parait grande et mériter le respect,
* la tolérance. Dans ce domaine, la règle du jeu est simple. Il faut dire en permanence que " tout ce vaut ". Malheur au premier qui cherchera à rétablir des hiérarchies,
* l'association d?images avec les " nouveaux maîtres à penser ". Partant du principe de la sagesse populaire qui dit " qui se ressemble s'assemble " être aux côtés des " nouveaux gourous " est un formidable laisser passer pour la popularité.

Cet Etat spectacle est de plus en plus un triste spectacle d'Etat.

C'est cette inversion entre les deux mots que l'opinion vient d'intégrer et entend sanctionner sévèrement.

  • Publié le 16 février 2008

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