Nicolas Sarkozy présidentialise entièrement le régime politique
Par son omniprésence, Nicolas Sarkozy a fait entrer les Institutions de la Vème République dans une présidentialisation extrême.
Qui gouverne la France ? Ces dernières décennies, le jeu des hypothèses faisait fureur. Le Président de la République ? Un Premier Ministre qui aurait pris un ascendant intellectuel sur le Président de la République ? Le Président du parti présidentiel disposant d'une majorité absolue dans les deux Assemblées ?
La question ne se pose plus depuis mai 2007.
Au sein de la V ème République, l'exécutif ne peut fonctionner que dans la rupture de l'égalité mais dans l'entente.
Ce mot entente ne signifie pas l'unanimité des vues entre ces composantes mais l'accord nécessaire quant à l'équilibre des pouvoirs.
En effet, le dualisme de l'exécutif sous la Constitution de 1958 se caractérise par la prééminence organique du Président de la République suite à la réforme de 1962 relative à l'élection du Président de la République au suffrage universel direct.
Mais les pouvoirs fonctionnels du Premier Ministre sont considérables. Le Premier Ministre est le point de passage obligé de la quasi-totalité des actions. A l'égard des administrations, l'Hôtel Matignon est au centre d'un réseau où convergent les informations, les questions, les demandes d'instructions. C'est le rouage essentiel de la direction politique du pays.
Si gouverner c'est élaborer une politique et surtout la mettre en oeuvre, il faut admettre que c'est désormais le Président de la République qui gouverne la France.
Le Premier Ministre qui est naturellement le chef de la majorité parlementaire est, comme représentant de l'exécutif auprès du Parlement, celui qui décide de la traduction législative plus ou moins rapide des textes auxquels l'Elysée attache une importance particulière.
Les périodes de cohabitation avaient significativement modifié la répartition habituelle des tâches pratiques. L'effacement de la fonction présidentielle face au représentant de la majorité parlementaire plus fraîche permettait la création d'un nouvel équilibre totalement différent de celui mis en oeuvre de 1958 à 1986.
La présidentialisation progressive du régime était certes liée à l'élection du Président de la République au suffrage universel direct mais aussi à la connaissance que les Présidents Pompidou et Giscard d'Estaing avaient des dossiers lorsqu'ils ont été élus. Une connaissance détaillée qui allait les conduire à un exercice interventionniste.
Depuis mai 2007, n'avons-nous pas assisté à un nouvel équilibre inédit sous la V ème République ?
Le Premier Ministre est alors devenu " l'administrateur en chef " des orientations présidentielles mais, à la différence de la période 2002-2007, sans autre leader politique de premier plan disposant à la fois d'une responsabilité ministérielle éminente mais aussi de relais politiques significatifs au sein même de la majorité parlementaire.
C'est une situation inédite sous la V ème République.