Nicolas Sarkozy et François Fillon sont gagnés par le réalisme des Français
Nicolas Sarkozy et François Fillon doivent compter avec le nouveau réalisme des Français comme le témoignent notamment les dernières enquêtes sur le retraites et la dette publique.
L'opinion publique bouge.
Trois évolutions majeures ont marqué l'opinion publique Française ces dernières années.
Tout d'abord, l'émergence d'un besoin de pragmatisme. Il aura fallu deux décennies pour que les Français acceptent de voir la France telle qu'elle est, en crise, avec ses faiblesses et ses atouts, ses difficultés et ses richesses.
Dans un premier temps, ce pragmatisme s'est traduit en négatif par le refus des idéologies de toute nature et de tout bord. Les partis politiques et, d'une manière générale les institutions, ont fait les frais de cette désaffectation.
Deuxième évolution, la disparition des " nouveaux gourous ". L'opinion publique n'a plus de directeurs de consciences, véritables maîtres à penser susceptibles d'incarner les valeurs fortes de la société à un moment donné. Chacun se fait son idée et assume cette " solitude de choix " devenue une forme de reconnaissance de maturité et de liberté.
Troisième évolution de fond, l'émergence d'une " France modérée ". Une France qui n'escompte pas de miracle mais souhaite une gestion efficace, qui se défie du socialisme comme du libéralisme mais n'entend pas renoncer à sa protection sociale, qui espère toujours mais ne rêve plus.
Une France qui a besoin de confiance, de courage et de coeur. C'est le défi des " 3C ".
La confiance, c'est un sentiment d'assurance et d'espérance au profit d'un candidat et de son équipe. Dans ce secteur, l'emploi sera de pierre angulaire de tout déclic de confiance.
Le courage, c'est la capacité à faire prévaloir l'intérêt national sur les calculs politiques, sur les engagements partisans, sur les recettes démagogiques.
Le coeur, c'est notamment l'assurance que si la crise est bien là, et qu'elle peut frapper chacun à chaque instant, par contre, il existe un filet social qui peut amortir la chute.
Ces trois défis ne sont pas principalement du ressort du discours.
Ils dépendent très directement du perçu, du ressenti ; bref, de l'irrationnel.
En conséquence, plus que jamais, c'est affaire de style, de tempérament, de façon d'être des hommes politiques en présence.
Un ancien Président de la République insistait en indiquant : " le style n'est pas une apparence. C'est l'apparition en surface de la nature profonde des êtes et des choses ".
C'est dans ce contexte que la fragilité du style présidentiel prend toute sa dimension.
Une redoutable tenaille se prépare.
Des vents de contestation commencent à se former sur les dossiers des retraites comme sur celui de la diminution des effectifs dans le secondaire. Ils se forment à une mauvaise date car ils peuvent arriver à maturité en avril-mai.
Par ailleurs, les Français viennent d'intégrer que les caisses sont vides et que la faculté de vivre à crédit n'est plus de mise.
La phase d'amertume et d'inquiétude est maintenant ouverte. La frontière avec la colère est toujours fragile dans de telles circonstances.