Nicolas Sarkozy doit affronter une vraie crise politique
Nicolas Sarkozy est face à sa première vraie crise politique. Claude Goasguen évoque ce jour dans le Journal du Dimanche le climat délétère qui plombe la majorité présidentielle. L'enjeu dépasse largement le style présidentiel pour évoluer vers la remise en cause de l'actuelle gouvernance publique.
La victoire de 2007 réside d'abord dans l'existence de fractures profondes à cette époque vis à vis desquelles Nicolas Sarkozy apparaissait comme une "réponse de modernité" tournant la page de l'ancien siècle incarné alors par un Président usé.
La première fracture est d'abord entre les Français et l'avenir. L'avenir était traditionnellement porteur d'améliorations. Il est désormais le symbole d'un monde déboussolé sans sortie de tunnel déjà perceptible. L'avenir est perçu comme un demain où il ne serait plus question de bien vivre mais seulement de survivre.
Ce sentiment, pour partie irrationnel, a fait naître une seconde fracture entre les élites et les citoyens.
Les élites ont dégagé l'image de ne pas être soumises aux mêmes contraintes que celles du grand nombre. Elles bénéficient de protections particulières qui leur épargnent les pires embûches. Au moment même où la crise ne les frappe donc pas " comme tout le monde ", les élites sont manifestement incapables de régler les principaux dossiers de nature à permettre au plus grand nombre de mieux vivre.
Ces deux facteurs ont créé un nouveau " besoin de vengeance ". Là est la vraie fracture majeure. Depuis " l'idéal révolutionnaire ", l'inconscient collectif français est structuré autour de l'image du peuple qui peut faire " tomber la tête du Roi ".
C'est à ce jour la probable réalité du " climat citoyen " en France.
La rupture entre les citoyens et les élites ne date pas d'aujourd'hui. C'est parce que cette fracture est déjà ancienne, qu'elle s'est approfondie donnant naissance à une crise qui a ainsi pris une dimension nouvelle.
En 2007, Nicolas Sarkozy incarnait le "rebelle" en raison de son opposition permanente avec Jacques Chirac qui lui représentait le pouvoir.
Mais aujourd'hui Nicolas Sarkozy représente à la fois le pouvoir mais aussi les élites sous leur côté le plus détesté des "facilités affichées".
Le besoin de vengeance a repris corps et les élections locales ne mars 2008 n'en sont qu'une étape, une étape mineur si le pouvoir ne change pas radicalement de positionnement.
C'est une crise politique majeure qui s'annonce et les actuels couacs ressemblent beaucoup aux agitations solitaires qui précèdent et annoncent le "sauve qui peut" dans les temps de violents orages.