François Fillon est la pierre angulaire d'un changement politique

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François Fillon est le point de passage préalable obligé d'un nouveau positionnement de l'exécutif pour partir à la reconquête de l'opinion publique.

La brillante victoire de la présidentielle 2007 devait marquer le point de départ d'un défi national impitoyable : la modernisation de la société Française.

Un nouvel exécutif s'installait marqué par trois qualités majeures :
* la jeunesse : l'un des plus jeunes Présidents de l'Histoire de la République Française s'installait à l'Elysée,
* la gagne : le score obtenu ne laissait aucun doute sur le contrat de confiance,
* la tolérance : l'ouverture et l'entrée de personnalités d'opposition annonçaient des frontières politiques nouvelles.

Près d'un an plus tard, un sondage Ifop publié par le Journal du Dimanche du 20 avril 2008 comporte un chiffre sans appel : 79 % des Français considèrent que cette première année du mandat présidentiel n'avait pas apporté d'amélioration à la situation de la France mais aussi à celle des Français.

En 12 mois, quatre évolutions majeures sont intervenues :

* de la confiance à la suspicion : les éléments affectifs de confiance se sont peu à peu transformés en éléments quotidiens de choix qui choquent et/ou qui font peur. En 2007, face à une nouvelle initiative de Nicolas Sarkozy, les Français se disaient "il va me séduire". En 2008, ils se disent " il va me punir ". Le mot punir peut sembler fort mais il recouvre un sentiment de droits menacés, d'avenir de peurs, d'un quotidien de précarité.

* De la joie à la rancoeur : en 2007, le nouveau couple de l'exécutif était supposé améliorer le quotidien : gagner plus, moins de contraintes, l'énergie positive ? En 2008, le seul changement positif semble concerner cette "nouvelle élite" à l'abri des tracasseries du quotidien, trop seule à l'abri du quotidien.

* De l'union à la jalousie : en 2007, le ticket présidentiel allie l'énergie et le calme, le mouvement et la sagesse, la force et la douceur. En 2008, l'opinion trompée par sa nouvelle élite politique cherche le moindre prétexte pour critiquer. Les qualités ne se complètent plus, elles se contrarient. Quand le Premier Ministre échappe encore à la grisaille du jugement sur le Président, il ne protège pas, il encombre.

* De la cohérence à l'éclatement : le circuit court de démocratie entre le candidat et l'opinion, qui était un point fort d'une relation nouvelle, semble être devenu trop court frappé d'un manque de préparation, de réflexion.

Dans ce contexte, l'atout de la personnalité de François Fillon ne peut échapper ni à la détermination d'une part de responsabilité ni à celle de la redéfinition d'un positionnement nouveau. Ce repositionnement nouveau suppose au préalable la naissance d'accords sur trois sujets majeurs :
* le diagnostic,
* les objectifs,
* les moyens.

En ce qui concerne le diagnostic, il s'agit de mettre un terme à cette année d'installation dans les mauvais équilibres. L'efficacité ne sortira que d'un diagnostic sérieux, partagé, assurant la réconciliation avec une opinion qui est à la recherche d'un pouvoir qui mérite sa confiance et son affection.

Sur les objectifs, le seul qui permette cette réconciliation c'est l'amélioration du quotidien des Français. Ce n'est pas la place de la France dans le monde ou dans l'Union Européenne ?

S'agissant des moyens, la fonction de Premier Ministre va retrouver son importance déterminante. Dans ce régime présidentiel à la durée courte, le Premier Ministre est le coordonnateur des efforts d'une équipe opérationnelle réduite mettant en action des missions clairement définies.

Sur ces bases, François Fillon demeure le point de passage obligé de la nouvelle conquête s'il demeure à Matignon. Ou plutôt pour demeurer à Matignon, il doit consacrer toute son énergie à donner une nouvelle utilité à ce point de passage.

  • Publié le 21 avril 2008

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