Nicolas Sarkozy face à Olivier Besancenot au second tour 2012
Olivier Besancenot a confirmé hier sa capacité à très bien gérer les images. Il introduit une nouvelle donne majeure dans le paysage de la présidentielle 2012.
Le vrai curseur de la vie politique Française n'est plus celui d'une relation face à un danger politique (droite ou gauche), des valeurs de liberté ou de solidarité mais le rapport à la crise.
La crise a créé deux types de Français :
- ceux qui entendent s'adapter à elle,
- ceux qui la refusent.
Cette volonté ou cette capacité d'adaptation face à la crise, à ses conséquences, aux modifications imposées structurent désormais les mentalités collectives.
5 groupes se dégagent :
* "Les hussards de la modernité" : leur mentalité est celle de la modernité, de la technologie, de la liberté individuelle. L'Etat est une contrainte. La communication est un outil efficace. C'est par l'économie que l'humanité avancera. La postmodernité sera un combat permanent. Ils sont prêts à l'affronter et se sentent une âme de gagnant.
* "Les matérialistes" : la modernité ne les attire pas mais ils ont le sentiment qu'ils parviendront quand même à "tirer leur épingle du jeu". Ils acceptent l'évolution mais cherchent à en modérer certains impacts qu'ils jugent nocifs.
* "Les nostalgiques" : la modernité est supportable si elle s'accompagne d'un retour à certaines anciennes valeurs : ordre, respect de la famille, respect des Nations?
* "Les hors jeux sociaux" : ils refusent les nouvelles règles. Pour eux, la modernité c'est la décadence et la destruction de l'être humain. La modernité est menaces et peurs généralisées. Il n'est pas question d'harmonisation mais d'uniformisation contre nature et contre culture. L'économie les agresse parce qu'elle oublierait systématiquement l'homme.
* "Les héritiers des acquis" : ils pensent que les ajustements sont nécessairement douloureux donc il faut les différer, il faut demander des "sacrifices" à d'autres qui sont nécessairement mieux lotis qu'eux. C'est la mentalité des remparts. Toute remise en cause des acquis est injuste, injustifiée et nécessite une réaction de solidarité tribale.
Cette grille qui va du 1er groupe qui accepte le mieux l'adaptation au groupe 5 qui résiste le plus contre l'adaptation appelle trois constats.
1) Le socle électoral de Sarkozy repose sur les "hussards de la modernité".
2) Le Modem et un PS social-démocrate vont se partager les matérialistes.
3) Si Besancenot parvient à cumuler les "hors jeux sociaux" (son socle classique) et les "héritiers des acquis", un nouveau seuil s'ouvre à lui.
Ce qui est sûr c'est que le mouvement protestataire est en train de se trouver une nouvelle icone.
Et si 2012, à l'exemple de 2001, s'acheminait vers une opposition gestion / rejets, ne serait-il pas alors le meilleur capteur de l'héritage protestataire sous toutes ses formes ?