Dominique de Villepin affronte un enjeu de repositionnement
Dominique de Villepin doit faire face à un enjeu de repositionnement qui est décisif pour l'équilibre politique à terme de la majorité présidentielle.
La situation est simple. Prenons un exemple concret. Où dort une gorille de 500 kilos ? La réponse est : où il veut.
Le véritable leader fait ce qu'il veut.
Dominique de Villepin n'est plus dans cette catégorie là dans la politique Française.
Deux facteurs l'ont fait changé de catégorie. D'une part, l'affaire Clearstream le scotche à des procédures aléatoires qui impactent son image de marque. Tant que ce dossier ne sera pas classé, les rebonds éventuels perturberont toute action sérieuse.
D'autre part, il ne peut conquérir une nouvelle stature en s'engageant dans la course gratuite. La course gratuite c'est le positionnement sans objectif lisible pour l'opinion. Sans objectif lisible, le leader initial tombe dans le piège du tout le monde. De leader, il passe suiveur.
La première naissance de Dominique de Villepin pour l'opinion publique fut le créneau de la taille. A l'ONU, il s'oppose à la première puissance mondiale au sujet de la décision de la guerre en Irak.
Le second créneau fut celui du sexe ou plus précisément de la virilité. Il sort des eaux de La Baule et marque une différenciation qui saute au regard par le corps d'athlète peu répandu dans le milieu politique.
Depuis son départ de Matignon, il est à la recherche d'un nouveau créneau qui soit un faire part de naissance pour reconquérir un statut de leader.
Ce repositionnement passe par trois arbitrages majeurs :
1) éviter le piège du sans objectif. L'opinion a besoin d'une lisibilité très claire. L'homme extérieur n'existe pas. Il n'offre pas la faculté de créer une légende grâce à une perspective hors du commun. L'homme extérieur tombe dans le collectif donc dans l'anonymat.
2) Éviter le piège de la nuance. Aujourd'hui, il faut choisir le position du "contre". Nicolas Sarkozy a remarquablement conduit ce positionnement de 2002 à 2007. Il n'y a pas d'autre voie. Que serait Churchill sans Hitler ? A un autre niveau, que serait Sarkozy sans Chirac, Brown sans Blair, Prodi sans Berlusconi, Merkel sans Schroeder, Obama sans Bush ??
Le conflit est un fabuleux créateur de circonstances de naissance. Il ne faut donc pas fuir le conflit mais le rechercher.
3) Il lui faut de la simplicité. La nuit qui précéda sa mort, Victor Hugo écrivit dans son journal "aucune armée au monde ne pourra arrêter une idée dont l'heure est arrivée". C'est une fabuleuse prévision.
Cette idée doit d'abord être simple. Nicolas Sarkozy eût l'idée de la réforme par l'énergie. Royal a gagné ses primaires par celle du dialogue participatif. Tous deux annonçaient, selon des modalités différentes, une nouvelle démocratie. Celle du premier vivrait dans l'action. Celle de la seconde vivrait dans l'écoute et le respect. Ces deux offres étaient une forme de nouvelle République.
Dominique de Villepin doit identifier son offre et l'exposer dans la plus grande simplicité.
Sans ce passage à l'offensive sur le repositionnement, l'ex Premier Ministre prend la voie de la banalisation puis de la marginalisation. Les prochains mois seront décisifs car le créneau "post Sarkozy" s'annonce vite en voie d'occupation désormais.