François Bayrou ne croit pas à l'efficacité de l'actuelle relance

  • Francois Bayrou
  • Modem

Le leader centriste est probablement celui qui est aujourd'hui le plus circonspect face aux mesures de relances. D'ailleurs sont-elles très différentes de celles prises face à la crise de 1929 ?

Le parallèle avec la crise de 1929 mérite une attention particulière.

Avant 1929, le système est fondé sur trois données :
- monétaire : l'étalon or,
- économique : la loi de la libre concurrence s'est progressivement imposée,
- commercial : le libre échange abolit progressivement les droits de douane.

La crise de 1929 remet en question ces données.

La crise financière part de Wall Street. Le crédit à la consommation a entraîne une surchauffe de la production. L'abondance des capitaux a incité à des spéculations boursières massives. La machine s'est emballée et a dévoilé des bases fragiles au point d'accélérer une réelle crise de confiance.

En octobre 1929, en quelques jours, 70 millions d'actions sont jetées sur le marché. Les cours chutent. Toutes les entreprises qui ont vendu à crédit sont en difficulté.

Les ventes massives entraînent une raréfaction des capitaux. La crise se propage progressivement avec des dates clefs qui sont autant d'étapes d'entrée dans une crise de plus en plus profonde et générale :
- au printemps 1931, la première banque de Vienne, la Kredit Anstalt, est incapable de faire face à ses obligations,
- l'affolement gagne alors l'Allemagne où des demandes de remboursements de fonds sont faites pour des montants spectaculaires dans des durées très faibles,
- est alors actionnée une solidarité de places financières mais les crédits accordés s'avèrent insuffisants.

La crise financière devient alors économique.

L'effondrement des cours de bourse aboutit à une pénurie des capitaux, à des faillites énormes et à une réduction globale du niveau d'activité.

Or le crédit à la consommation impose des remboursements aux particuliers dont les revenus diminuent. La conséquence première est une chute brutale de la consommation.

Cette chute brutale entraîne celle de la production ce qui aboutit à un chômage massif sans compter une baisse générale du temps de travail. Le commerce international chute. En quelques années, il passe de 5 à 1. Ce processus amplifie les faillites.

Le schéma libéral classique s'est avéré impuissant.

Ce schéma reposait sur une certitude de régulation des crises par un cercle vertueux composé des étapes suivantes :
- crise,
- faillites marginales,
- baisse des prix,
- donc reprise de la consommation,
- par conséquent, reprise de la production et sortie de la crise.

La détérioration est alors telle que les mécanismes libéraux sont jugés incapables de sortir de la crise.

Trois réponses globales sont alors mises en oeuvre :
- le New Deal aux Etats-Unis,
- la politique keynésienne en Grande Bretagne,
- la politique du Front Populaire en France.

Des réponses qui ne sont pas sans "lien de parenté" avec les actuels climats des opinions dans ces trois pays ...

Ces trois réponses traduisent trois abandons de la pensée libérale.

Les Etats, selon des modalités diverses, acceptent alors de s'endetter pour créer un nouveau pouvoir de consommation ou un nouveau pouvoir de production par des grands travaux.

Ils vont accepter de dépenser plus que leurs ressources.

Mais, progressivement, la crise généralisée a surtout emporté des fondements intellectuels de développement.

Elle a tourné la page de la croissance universaliste. A cette logique internationale, elle a substitué un repli sur soi qui ouvrait le chaos moral avec les comportements connus.

Le parallèle a en effet de quoi inquiéter. D'où la priorité donnée par le leader centriste aux mesures morales qui concernent d'abord le mental des citoyens davantage que la mécanique économique.

  • Publié le 4 avril 2009

Partagez cet article :

Exprimez votre avis :