Ségolène Royal persiste et signe
La leader socialiste persiste dans un nouveau discours d'excuses dont on perçoit mal le rôle à terme dans des conditions aussi répétitives.
Des intellectuels Français ont parfois installé un discours de "haine de la France" qui globalement correspond peu à l'ensemble de l'Histoire de ce pays mais surtout aux sentiments d'une partie majoritaire de l'opinion.
A ce sujet, la campagne sur l'alcool "un verre ça va, deux verres ..." pourrait être reprise sur le thème des excuses publiques de la leader socialiste.
Exprimer une forme d'humilité est compréhensible dans un cadre motivé. Se positionner de façon répétée sur cet axe peut lasser et déconcerter l'opinion.
Depuis trois mois, Ségolène Royal est à la recherche de sa valeur ajoutée dans le débat politique Français.
Dans chaque période pré-présidentielle, l'opinion Française est exposée à deux tentations désormais coutumières.
La première est celle de l'imitation. La seconde est celle du frisson du neuf.
La vie politique Française semble en effet préférer l'imitation à l'invention. Le dernier exemple en date a résidé en 2006 dans la nouvelle mode à cette époque de l'accession de femmes à des fonctions publiques de premier plan. L'ambiance était alors au raisonnement suivant : après le Libéria, l'Allemagne, la Finlande, le Chili ...pourquoi une femme ne deviendrait-elle pas Présidente de la République en France ?
C'est une imitation d'ailleurs très réductrice car, dans ces exemples de pays étrangers, aucune des femmes concernées n'est parvenue à sa fonction sur la base d'un tel raisonnement. Chacune de ces femmes a un cursus distinct original qui était alors transposable à aucune femme politique française.
La seconde tentation est celle du frisson du neuf. Avant chaque élection présidentielle Française, l'enjeu consiste à trouver le schéma qui perturberait les rapports de forces classiques : la recherche du "troisième homme".
En effet, jusqu'en 2002, dans cet esprit, la mode était au " troisième homme " surgit " d'ailleurs " c'est-à-dire ni de la principale force de droite (UNR puis UDR ensuite RPR et enfin UMP) ni de la principale force de gauche c'est-à-dire le PS.
Depuis 1974, chaque année précédant l'élection présidentielle a vu naître son " troisième homme ". Ils eurent pour noms Michel Jobert en 1974, Coluche et Yves Montand en 1981, Bernard Tapie en 1988, le dernier en date fut JP Chevènement lors des présidentielles de 2002.
François Bayrou tente de sortir du "troisième homme" pour devenir le "premier opposant" concept désormais à la mode.
En réalité, l'actuelle vie publique attend une nouvelle offre.
Ségolène Royal ne parvient pas à répondre à cette demande avec le même talent qu'en 2006 où sa fraîcheur fut très impactante.
Cette nouvelle offre doit répondre à deux décalages.
D'une part, le décalage entre les repères traditionnels des politiques de 1er plan et la société qui est aujourd'hui quasi-total.
Les premiers ne parlent pas comme la seconde. Tout est en décalage. Le 1er terme ci-dessous est celui utilisé par les responsables politiques. Le second est celui attendu par la société. Le décalage est édifiant :
- collectivité / individu,
- travail / loisirs,
- religion / matérialisme,
- efforts / jouissance,
- certitude / doute,
- optimisme / angoisse,
- croyance / peurs,
ââ¬Â¦
Cet décalage crée un espace. Comme ce décalage est plus important que jamais, il est aussi exact que cet espace est donc plus grand que d'ordinaire.
Le second repère est que l'ambiance actuelle est aux valeurs féminines. Dans un monde d'angoisses et de précarités, la recherche d'harmonie appelle des concepts, des mots, des attitudes plus proches des valeurs féminines traditionnelles. La génération des "collectivités couettes" est née.
Avec ses excuses répétées appliquées à des relations internationales et à l'Histoire de surcroît, Ségolène Royal peut se placer progressivement dans une réelle forme d'impasse ?