Martine Aubry oublie les règles de Barack Obama
Alors même que le PS cherche à s'approprier la "méthode Obama", il s'écarte manifestement de plusieurs repères qui fondent le succès du leader Américain.
Il est toujours réducteur et périlleux de chercher à résumer les techniques de communication d'un éminent responsable politique.
Et pourtant, derrière ce constat, force est de constater que Barack Obama ne fait que respecter des règles de communication mises en place lors de sa campagne et il gouverne comme s'il était en campagne permanente.
1ère règle : étudier en permanence l'opinion. Il fait tester ses projets par des forums de citoyens notamment grâce à l'expression favorisée par les nouvelles technologies. Mais en complément des enquêtes lourdes d'opinion sont méthodiquement mises en oeuvre. Le PS s'engage sur cette voie. Il a beaucoup de retard par rapport aux méthodes du Président de la République en la matière.
2ème règle : communiquer avec l'ensemble des citoyens et non pas avec les membres de son parti. Dans son ensemble, l'opinion moderne est pragmatique, avide de résultats concrets. Elle est donc différente des militants d'un parti qui sont des "activistes" et donc d'une certaine manière plus "extrémistes" que l'opinion. Il ne s'agit pas de court-circuiter les militants mais d'intégrer que dans les démocraties modernes d'opinion, c'est cette dernière qui fait la force. C'est un premier décrochage pour le PS Français.
3ème règle : la communication présidentielle est exclusivement d'objectifs et non pas de détails. Les partis modernes sont confrontés à des changements fondamentaux. Le leader communique sur l'objectif à atteindre. Il se tient à des enjeux de philosophie, de valeurs. C'est ensuite du ressort de son équipe de " mettre en musique " les mesures détaillées. C'est le second décrochage du PS Français. Qui peut exprimer aujourd'hui les objectifs des réformes portées par le PS sur le plan national ?
4ème règle : une très grande centralisation de l'action donc de la communication. Une équipe professionnelle est d'abord une équipe disciplinée qui adopte des messages clairs démultipliés grâce à une grande centralisation. La campagne 2008 avait été conçue puis menée par un petit commando faisant appel ensuite à des relais-citoyens. La concentration du pouvoir est très forte actuellement, probablement historiquement l'une des plus fortes dans de telles instances. A côté de telles méthodes, le PS demeure une armée mexicaine caricaturale.
5ème règle : définir les territoires conceptuels du débat. L'équipe d'Obama veut toujours conquérir d'abord l'endroit où le débat portera. Ce choix est la place de l'idéologie au sens noble du terme c'est-à-dire le sujet qui sera le théâtre de l'affrontement éventuel avec l'opposition politique. Les termes publics de ce choix ne sont jamais de confrontation directe volontaire avec cette opposition. Bien au contraire, tout est fait dans l'expression pour arborer la flexibilité qui doit permettre à chacun de s'associer à l'objectif envisagé. En la matière, le PS est toujours à la poursuite du Chef d'Etat qui mène le "bal" grâce à un mouvement permanent.
Si "l'héritage Obama" est réduit aux primaires et à Internet, il est à craindre que le PS ne soit pas encore à la sortie de son tunnel.