Dominique de Villepin peut-il contourner "l'obligation de parti" ?
Dominique de Villepin introduit une nouvelle donne très intéressante dans la vie politique Française. Est-il possible d'être présidentiable sans un parti politique ?
Tout tourne actuellement sur la transposition éventuelle des leçons de la campagne de Barack Obama en 2008 dans d'autres paysages politiques.
Il a en effet changé la donne sur plusieurs volets.
La campagne 2008 de Barack Obama a apporté au moins trois modifications majeures dans une présidentielle :
- les conditions d'informations de l'opinion publique,
- la mobilisation des réseaux,
- la sélection des enjeux.
En ce qui concerne les conditions d'information de l'opinion publique, ce fut la fin des "intermédiaires professionnels".
Le candidat s'adresse directement à l'opinion dans une logique d'hyper-visibilité qui consiste à l'inscrire dans la fonction du feuilleton quotidien.
Les supports traditionnels d'information commentent, acompagnent mais le fait d'information est directement né entre le candidat et l'opinion via Internet et des sites communautaires.
Dans la mobilisation des réseaux, nous avons assisté à la prise du pouvoir par Internet et par les citoyens, deux phénomènes intimement liés.
Par Internet, les citoyens se sont appropriés la campagne de Barack Obama dans des conditions sans précédent.
Quant à la sélection des enjeux, ce fut le retour de l'annonce "d'une nouvelle donne" qui est le creuset traditionnel de toute campagne.
Cette présidentielle est-elle de nature à établir une nouvelle équation transposable ailleurs et notamment en France ?
En France, se détachent de nouveaux éléments nécessaires pour une indépendance face à un parti politique mais pas suffisants.
1) L'opinion est en avance sur les structures classiques des partis politiques. Elle est plus volatile et moins idéologique que les machines des partis. Par conséquent, les partis politiques sont désormais fragilisés pour porter les débats dans des conditions où se retrouvent les citoyens.
2) Lors de la présidentielle, le programme tiendra d'abord dans les personnalités des candidats.
3) Mais, à l'exemple même de la campagne 2008 de Barack Obama, il faut jouer "fromage et dessert". Or actuellement, le milieu politique Français oppose à tort ancienne méthode et nouvelle démarche. C'est une opposition irréaliste. Il ne s'agit pas de choisir l'une ou l'autre. Il faut choisir l'une et l'autre. L'hyper-visibilité est à ce prix. A ce jour, seul Nicolas Sarkozy a su saisir cette obligation d'hyper-visibilité. Tous les autres challengers restent en intermittents du spectacle présidentiel : livres, formules, reportages ... mais sporadiques. Or il faut assurer du quasi-quotidien en multi-supports.
4) En conséquence, même sur une base légère, il paraitrait surprenant qu'un présidentiable puisse conduire sa candidature en "économisant" la structure d'un parti politique qui permet de diversifier les expositions.
Le parti politique demeure un atout parmi d'autres. L'existence d'un groupe parlementaire ou d'un embryon de groupe assure par exemple une tribune permanente.
Obama pouvait "contourner" le parti parce qu'il savait qu'à l'issue de l'immédiate désignation le parti démocrate serait à "son service".
Les partis politiques sont fragilisés mais pas encore inutiles. Ils sont malades mais loin d'être morts.