Benoît Hamon crie au scandale d'information
Le PS dénonce le contenu d'un reportage de France 5 sur la politique présidentielle.
L'information en France est malade. Si cette maladie est quasi généralisée, elle revêt de multiples facettes.
Sur le plan quantitatif, les ventes de la presse papier d'information générale sont en forte et permanente régression.
Bien davantage, des maux qualitatifs affectent désormais la presse d'information sous ses divers supports.
Premier travers, la presse est devenue davantage une presse d'opinion que d'information. Elle a une coloration de plus en plus partisane. Elle s'intéresse davantage à interpréter les faits qu'à en rapporter le détail. Elle donne ainsi une place très importante au subjectif.
Hier, seuls les éditoriaux étaient censés laisser une grande part à l'opinion. Aujourd'hui, presque chaque article comporte tellement de commentaires subjectifs qu'un journal semble composé d'éditoriaux généralisés.
La presse devient un outil de raisonnement alors qu'elle devrait être d'abord l'outil du droit du public de savoir.
Il est vrai que toute l'histoire de l'information en France a été traditionnellement dominée par des liens étroits avec le pouvoir :
- avant 1945, les chaînes de radios privées étaient autorisées à côté des chaînes publiques appartenant à l'Etat,
- de 1945 à 1982 a été appliqué le strict monopole d'Etat sur les radios en dehors de radios privées qui couvraient le territoire français à condition de placer leurs émetteurs à l'étranger,
- pour l'audiovisuel, le monopole d'Etat était rigoureusement respecté.
Pendant longtemps, le discours politique français exprimait officiellement que la télévision était un service d'intérêt public comme ... la poste ou le téléphone.
Il faut attendre 1982 pour que le monopole d'Etat soit aboli.
Cette abolition n'a pas fait disparaître une certaine culture "d'information officielle" qui ne frappe pas seulement les supports nationaux, loin s'en faut.
La presse quotidienne régionale est désormais marquée par un légitimisme manifeste.
Derrière ces constats figure un élément commun : l'aspect économique de l'information est sous-estimé de façon permanente.
Les collectivités locales sont des annonceurs publicitaires de premier poids.
Sur le plan national, la "force de frappe" de l'Etat ne peut être ignorée.
Tous ces faits contribuent à une absence de "culture du contre-pouvoir". Ou plutôt cette culture s'exprime de façon exceptionnelle mais ostentatoire lors d'émissions délibérément clivantes qui perdent de ce fait en audience et donc en impact.
Internet ne constitue pas encore un contre-poids réel. La cible des "indécis" échappe à Internet qui mobilise les "engagés" soit favorables soit opposés.
C'est donc tout un équilibre des pouvoirs qui devrait être actualisé. En dehors de protestations ponctuelles, ce sujet n'a jamais été sérieusement traité par les forces politiques Françaises principales.