Manuel Valls et le besoin de pluriel
Faute de création d'un mouvement de soutien dans sa démarche, le jeune leader est confronté à une difficulté : sa position était singulière, elle dégage l'image d'être solitaire.
Les années 80 avaient été la mode des 3 R : rêve, rire et risque. C'était une conception quasi-hollywoodienne du spectacle de la vie politique : Coluche, Tapie, Montand ...
Les années 90 ont été celles des 3 S : simplicité, solidarité, substance. Parce que cette mode était pour partie une réaction de l'opinion contre des excès des années 80, les années 90 ont été redoutables pour les "idoles" de la décennie antérieure dès l'instant qu'elles n'avaient pas corrigé le tir assez tôt.
Les actuelles années installent la mode des 3 P : Pluriel, Proximité et Positif.
La société est de plus en plus éclatée. Par conséquent, les leaders doivent fonctionner en équipe et cette équipe doit être un casting de la société plurielle. C'est le savoir-faire dominant du Chef d'Etat. Les campagnes au singulier sont des campagnes solitaires vouées à l'échec.
La proximité traduit la priorité du quotidien : ici et tout de suite.
Enfin, l'attente de positif résulte de la logique de consommation appliquée désormais à la politique. Le "positif" est ce qui sert. Le "négatif" est limité au débat politicien. L'opinion attend ce qui sert, ce qui fait avancer ses intérêts. Le "positif" est désormais à la politique ce qu'est la concurrence commerciale à la guerre des prix.
Ce nouveau contexte impacte directement les actuels partis politiques engagés dans une course nécessaire au repositionnement pour suivre ces évolutions de l'opinion.
Sur le plan national, l'UMP a pris une incontestable longueur d'avance. Il reste à organiser cette situation nationale dans la réalité des différents territoires régionaux.
Faute d'avoir préparé une campagne de soutien à son initiative, la position de Manuel Valls passe de singulière à solitaire, se fragilisant ainsi considérablement.
Est ouverte une période où il faut être entouré. Celui qui est seul, c'est qu'il n'est pas soutenu, pas porté. Il s'approche alors de l'échec. Manuel Valls est en train de faire la démonstration de cette nouvelle exigence.
NB : pour examiner le détail des batailles modernes de positionnement, nous venons de publier un guide pratique sur la campagne 2008 de Barack Obama. Ce guide permet d'identifier les points techniques qui nous semblent les plus novateurs et qui ont vocation à faire l'objet d'arbitrages dans les actuelles campagnes de communication.
Sur notre blog, nous présentons ce nouveau produit : blogexprimeo