Ségolène Royal et la stratégie de l'évitement

  • Segolene Royal
  • Ps

Notre billet sur la stratégie de l'évitement qui remplacerait progressivement celle de l'affrontement a suscité de nombreuses réactions dont celle ci-dessous.

Nous tenons à porter à votre connaissance cette réaction très argumentée d'un publicitaire qui tient à s'exprimer dans un cadre anonyme sur le sujet de l'évitement.

Son argumentation nous paraît mériter une attention certaine :

"Sur la question de la stratégie d'évitement:

-Elle a fonctionné pour Obama pour deux raisons: la crise et Sarah Pahlin. La crise a rendu anecdotique dans l'opinion les débats de société qu'Obama avait "évités". Dans un autre contexte, les choses auraient été différentes. La stratégie des Républicains était de reproduire la tactique du bashing. Or l'âge avancé de Mac Cain associé à une co-listière plus jeune mais pas vraiment "rassurante" a neutralisé cette tactique en "équilibrant" l'inexpérience de part et d'autre.

-Cette stratégie fonctionna très bien pour Ségolène Royal lors des primaires, lui permettant d'apparaître au-dessus de la querelle anciens/modernes, Fabius/DSK. Elle s'est retournée contre elle lors de la campagne de 2007. Qui plus est, son image dans l'Opinion n'est plus aussi "vierge" qu'en 2006. Cela demanderait de se part un immense travail d'image que de retrouver un peu de cette virginité.

-S'agissant de vos développements sur le sujet de l'évitement, ils oublient une chose: Ce que vous dites fonctionne très ironiquement pour la "France qui travaille" de moins en moins marquée par les idéologies et la "Jeune France" qui voit Sarkozy comme une régression mais est partagée entre position "centriste" et un désir de radicalité naturel pour leur âge appelé à s'effacer (les NPA d'hier sont les socialistes ou modémistes de dans 5 ans). Toute cette population est appelée à attendre d'abord du politique du concret plus que du binaire, dans tous les milieux sociaux.

A côté de cela, il y a une France du poids grandissant des retraités qui attend d'être rassurée sur le financement des pensions. Or ce sujet est à la fois un enjeu concret et un sujet clivant par excellence à cause de son poids symbolique à Gauche, sujet qui coupe d'après les enquêtes les SR-votants du second tour de 2007 EXACTEMENT en deux.

-Le Moderne émerge sans que l'Ancien ait totalement disparu bis. Un parti politique a encore besoin en 2009 en France, à côté des nouveaux moyens de communication, du militantisme traditionnel. Ceux qui sont actifs sur les forums d'opinion appartiennent surtout aux classes moyennes et aisées qui travaillent.

Ils ne peuvent donc pas prendre le pouls "sur le terrain" d'une France moins urbaine, d'un électorat plus populaire, d'une France qui "ne travaille pas".

Même si leur fétichisme des symboles, de la "conquête sociale" peut paraître anachronique, le PS ne peut pas encore faire sans les militants old school. Surtout qu'en face Sarkozy a su construire un discours susceptible de parler aussi bien aux vieux militants qu'à la Droite plus urbaine qui surfe sur son Blackberry, de savoir marier force symbolique et pragmatisme.

-Le Moderne émerge sans que l'Ancien ait totalement disparu ter. Au Canada, un certain nombre de questions symboliques liées à la crise du Welfare et du service public en général (retraites, réforme de l'Etat) ont eu comme réponses des réformes aujourd'hui achevées.

Ce n'est pas le cas en France et c'est même l'intérêt de Sarkozy que de ne rien réformer en bulldozer (voire même de réformer en trompe l'oeil). Le risque serait moins le retour en arrière brutal que de perdre un enjeu mobilisateur pour son noyau dur électoral. Et donc de remettre en selle l'opposition.

Cette stratégie d'évitement est sans doute appelée à être électoralement payante un jour en France. Quant à dire quand..."

  • Publié le 13 août 2009

Partagez cet article :

Exprimez votre avis :