Jean-Pierre Grand change de ton
Les propos du Procureur de Paris hier matin sur Europe 1 suscitent une vive émotion.
Hier soir, le Député Villepiniste JP Grand a publié un communiqué :
" Ce matin sur Europe 1, Jean-Pierre ELKABACH interviewait Jean-Claude MARIN, Procureur de Paris.
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Pour ceux qui l'ignoreraient, le Procureur de Paris Jean-Claude MARIN, a décidé de requérir lui-même lors du procès CLEARSTREAM dont la première audience est prévue le 21 septembre prochain.
Que penser des déclarations de ce Procureur de la République, qui égraine des éléments supposés à charge et laisse entendre, sans ambiguïté, qu'il y a peu de chance qu'il change d'avis sur la culpabilité de notre ancien Premier Ministre, alors que le procès n'aura lieu que dans trois semaines.
La justice est déjà à l'oeuvre dans les médias pour banaliser le procès de celui qu'elle a décidé être le principal accusé et qui ne doit être considéré que coupable.
De mémoire de Républicain on n'avait jamais vu, depuis la Libération, une telle atteinte au fonctionnement de la Justice.
J'ai toujours dit que la première victime de l'affaire CLEARSTREAM était Dominique de VILLEPIN qui est traité comme un "dissident soviétique".
Notre Procureur de la République va rester dans les annales comme celui qui aura annoncé l'issue de ce procès politique avant même qu'il n'ait eu lieu.
Les Démocrates et les Républicains vont réagir, le fonctionnement de notre Démocratie les concerne tous".
La personnalisation à ce point de cette procédure judiciaire ne peut que creuser l'écart entre ces deux courants de pensées de la majorité présidentielle.
Bien davantage, toute instrumentalisation de services de l'Etat est grave. Un tel constat s'applique à tous les services de l'Etat sans la moindre exception.
En réalité, à terme, il n'est pas sûr que cette ambiance serve le Chef de l'Etat ; bien au contraire. L'opinion attend de l'Etat la défense d'un idéal pour la collectivité comme pour les individus. Il n'est pas sûr que la majorité présidentielle ait trouvé la bonne tonalité face à cette évolution de l'opinion.
Les études montrent que le "pouvoir trop concentré" commence à inquiéter. La "violence du quotidien" est déjà très forte avec la crise économique. Elle n'appelle pas de "violence d'Etat" qui sanctionne, règlemente, punit... Le discours présidentiel est peut-être en train de rater une nouvelle tendance née avec la crise : l'Etat qui "rend possible" et non plus l'Etat qui met en scène la sanction permanente.
Le procès Clearstream peut en effet être un tournant politique. Il n'est pas établi, loin s'en faut, qu'il le soit sur les bases actuellement envisagées.