Martine Aubry toujours en retard sur l'ordre public
Le PS est resté en retrait sur les sujets d'actualité qui placent l'ordre public "à la une" : violences dans les stades, meurtre opéré par un récidiviste ...
L'actualité remet à la une la question du maintien de l'ordre public.
Alors que la majorité présidentielle est au pouvoir depuis 2002 et avait fait de ce dossier "sa priorité", il est étonnant de constater le décalage entre la gestion des faits d'actualité par l'UMP et par le PS.
La première formation gère les nouvelles crises comme si de nouvelles lois étaient incontournables, passant ainsi par pertes et profits celles qu'elle avait présentées hier comme "la solution".
Quant au PS de Martine Aubry, il est resté très silencieux comme s'il ne voulait pas s'approprier la demande d'ordre public qui émane notamment des milieux populaires.
Au sujet de l'ordre public, nous mettons en ligne ci-dessous, le projet de discours publié dans notre lettre hebdomadaire (n° 34 d'avril 2006) :
Prévoir l'imprévisible : telle est souvent la lourde tâche assignée aux autorités chargées de l'ordre public. En effet, très peu d'atteintes graves et durables à l'ordre public se laissent enfermer dans des prévisions simples.
Par conséquent, très souvent les dispositions classiques pour affronter une " crise " se révèlent rapidement inadaptées. Cette inadaptation est d'autant plus redoutable que la défense de l'ordre public met souvent en cause des libertés. La recherche d'un nouveau point d'équilibre est donc très important à rechercher.
Historiquement, la notion de respect de l'ordre public concernait deux hypothèses simples :
- une activité est tolérée car conforme à l'ordre public,
- une activité est interdite car de nature à troubler l'ordre public.
Il est aisé de constater que la réalité matérielle des faits a échappé rapidement à cette approche binaire.
Les atteintes à l'ordre public ont recouvert des situations de plus en plus nuancées.
Les crises ont revêtu des aspects de plus en plus diversifiés.
L'opinion a attendu des réponses de plus en plus rapides raccourcissant d'autant les procédures selon la formule consacrée " quand la maison brûle on ne va pas demander au juge l'autorisation d'y envoyer les pompiers ".
Progressivement, chacun s'est ainsi accoutumé à une sorte de " légalité illégale " dans des périodes particulière d'atteintes à l'ordre public.
Les récentes déclarations du Chef de l'Etat sur la non application d ââ¬Ëune loi promulguée semblent ressortir de cet état d'esprit. Machiavel résumait ainsi cette situation : " dés l'instant que le salut de l'Etat est en jeu, aucune considération de justice ou d ââ¬Ëinjustice, d'humanité ou de cruauté, de gloire ou d'ignominie ne doit plus intervenir. Tout moyen est bon qui sauve l'Etat et maintient sa liberté ".
Cette approche rassemble tous les enjeux majeurs dont le principal est la question suivante : est-il possible de ne plus respecter le droit sous prétexte de le rétablir ?
Lorsque la raison d'Etat se profile, le droit devient rapidement gêneur Est-ce pour autant une raison pour installer aussi rapidement une logique d'exception ?
Cette logique d'un comportement exceptionnel pour des circonstances exceptionnelles est dangereuse.
Que penser de la solidité de principes démocratiques dont le contenu réel dépendrait d'abord de l'état des forces sociales, d'un degré de consensus idéologique ?
Cette variabilité ne serait-elle pas de nature à faire naître une excessive fragilité de ces principes démocratiques ?
A partir de là, il est indispensable de s'interroger sur le point de savoir où naît la distinction entre une situation " normale de contestation " et la crise qui peut justifier cette " mise en parenthèse " des comportements traditionnels ?
Lorsqu'un Etat entre dans un tel système approximatif des principes à respecter et de ceux à " négliger ", c'est le signe d'une grave maladie.
Sous cet angle, l'actuelle situation doit interpeller tous les citoyens et encore plus tous les détenteurs d'une parcelle d'autorité publique...
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