Ségolène Royal et le capital mécontentement
Ségolène Royal a devant elle deux atouts majeurs : le sentiment de trahison qui nait dans l'opinion face au bilan présidentiel et la hausse de la perception d'injustice sociale.
Il y a actuellement un grand décalage entre la couverture médiatique des sujets et le niveau d'intérêt de l'opinion.
Les médias traduisent les difficultés en échecs puis en torts. Ils traduisent les bonnes nouvelles en succès puis en constats de raison.
L'opinion ne forge son opinion que sur ses constats directs liés à sa vie quotidienne.
Or, ces constats sont actuellement dirigés par deux réactions principales :
- le sentiment de trahison face aux promesses de 2007 (pouvoir d'achat, ruptures ...),
- le sentiment d'une politique au profit de catégories privilégiées, l'idée d'un pouvoir qui défend les puissants et négligerait les "petits".
Avec son actuelle cote de 38 % de satisfaits, Nicolas Sarkozy est redescendu aux eaux de février et mars 2008, date de l'échec cinglant des élections locales.
Mais surtout, il enregistre des chutes de satisfaction dans des catégories nouvelles dont :
- les 35 à 64 ans
- les salariés du secteur privé
- le Modem
Sa cote de satisfaction enregistre une progression chez les Verts, le Front national et l'UMP.
A la différence de bon nombre d'autres candidats, la marge de manoeuvre de Ségolène Royal peut trouver un fondement très positif sur le socle de la "trahison des promesses de 2007" puisqu'à cette époque elle fut la première à dénoncer les promesses en question.
Il est étonnant de ne pas voir le PS occuper ce terrain.
Le jeu actuel est considérablement plus ouvert que certains commentaires rapides (lire la suite grâce au lien suivant : : sondages).
Avec l'actuelle structuration de l'opinion, la bataille pour la séduction des classes moyennes a débuté.
La leader socialiste doit trouver les mots pour convaincre ces classes moyennes qu'elle peut vivre une écoute et une protection non assurées par le pouvoir actuel.
Cette logique devrait l'éloigner d'une starification parfois tentée ces derniers temps.
Le profil à la "Merkel" d'une rigueur juste avec un quotidien personnel exemplaire devrait devenir le "profil à la mode" dans l'opposition pour capitaliser l'actuel mécontentement face à un "pouvoir éloigné". De façon étonnante, cet espace est encore peu occupé. A quand les prochaines photos derrière un caddy dans le supermarché de quartier ?