Jacques Chirac : vivement hier
Personnalité populaire, Jacques Chirac incarne désormais un marqueur de regrets. Pour combien de temps encore ?
Celui qui avait conduit en 1986 une campagne intitulée "vivement demain" pleine d'optimisme et de joie de vivre avait été marginalisé 20 ans plus tard sur le même thème avant de connaître une embellie qui ressemble fort à un "vivement hier" ...
Le second mandat présidentiel de J. Chirac a été celui des rendez-vous manqués. Les commentateurs dissertaient sur ce Pouvoir dégageant le sentiment d'un "bateau ivre" dont le seul souci de l'équipage était de reporter l'échéance du naufrage.
La condamnation la plus implacable du second mandat de Jacques Chirac résidait dans l'impertinence et la fronde permanentes opposées par les siens à la tête de son ex-parti et à l'intérieur même de son Gouvernement.
Ce Président âgé ne comprenant plus son époque était le "dernier de l'ancien siècle". Après son départ, on allait voir le mouvement, la réforme, la modernité. Une "nouvelle République" allait naître tournant le dos à la monarchie d'antan.
Deux ans plus tard, le représentant de cet "ancien pouvoir" monte sur le podium des trois personnalités les plus populaires aux yeux des Français. Et pourtant, à l'exception d'une brève séquence consacrée au lancement de sa fondation au contenu concret peu connu de l'opinion publique, cet ancien Président avait fait parler de lui par des audiences à répétition auprès de juges chargés de solder sa période pré-présidentielleââ¬Â¦ Il n'y a rien qui puisse objectivement booster une popularité.
La raison de cette " résurrection " était donc à trouver ailleurs. Elle résidait dans la déception portée par son successeur.
La percée hier de Nicolas Sarkozy était le témoin des échecs de Jacques Chirac. La percée de Jacques Chirac était le témoin des échecs de Nicolas Sarkozy.
La première était un signe d'espoir. La seconde est un marqueur de regrets.
Les Français ne sont pas prêts à vivre cette "nouvelle République" agressive, souvent choquante qui, de surcroît, ne donne pas le sentiment de régler réellement les vieux maux, hier dénoncés, aujourd'hui toujours aussi présents, voire même davantage.
Le retour de J. Chirac sur le devant de la scène publique peut contrarier cette évolution.